Dominic Asselin : Le cours des mots
Sept ans après Ma première Place des Arts et cinq ans après Petite-Vallée, Dominic Asselin fait paraître un album personnel dont les moindres détails ont été réfléchis, débattus, concédés.
Le ténébreux guitariste ne court pas les bars, les premières, les spotlights. On risque plus de l’apercevoir sur le bord d’un lac ou dans un studio sombre, à recréer des atmosphères. D’un naturel indépendant, Dominic Asselin ne s’est pas pressé pour profiter de ses précédentes apparitions publiques: "Un premier disque, c’est fondamental, c’est tout ce que tu es… Quand tu gagnes des concours, on attend un album dans les six prochains mois; moi, je ne faisais pas ça. Je fonctionnais avec la disponibilité de tout le monde, pas de presse. À prendre ton temps comme ça, tu t’installes dans une super belle petite bulle de création, t’es en studio, puis tu peaufines… J’aime bien ce climat." S’il n’en tenait qu’à lui, on aurait peut-être attendu encore quelques années avant d’entendre Vague idée, Océan à la nage, mais un allié de taille allait l’aider à mettre le tout en boîte.
Séduit par les textes du Gatinois, le réalisateur Marc Pérusse (Luc de Larochellière, Lynda Lemay, Daniel Boucher) lui fait une place dans son studio, entre ses autres contrats. Asselin se tape la 417 plusieurs fois par semaine pendant trois ans, puis trouve chez La Tribu une alliance assortie de dates butoirs. Séduit par le format vinyle, il choisit de présenter son travail en deux phases, comme les faces d’un disque 33 tours. Deux atmosphères à découvrir entrecoupées d’une pause.
Cette conception en deux temps sert de fil conducteur, comme les deux flancs d’une montagne. "Ce sont des pièces que j’avais déjà pas mal traînées. Il y a des chansons dont je ne pouvais pas me défaire depuis Ma première Place des Arts, comme Août à Montréal; ça cadrait dans le concept du disque… On voyait vraiment deux couleurs, il y a tout un mouvement de vague dans la deuxième partie", commente-t-il d’un ton songeur, comme s’il en était lui-même à une première écoute.
"Je suis très nature, très rivière, très lac. Je pense que le plus grand calme que quelqu’un puisse connaître, c’est en flottant sur le dos. J’ai toujours tenté de mettre le doigt sur cette chanson-là. De voyager sur l’eau." Si l’album reflète ces sensations, les prestations offrent, elles, un côté plus ludique à son ouvrage: "J’aime mettre les tounes en contexte puis faire sourire les gens entre deux chansons, sinon on est trop sérieux", remarque Asselin, fort de plusieurs années de concerts solos. Vous pourrez l’apercevoir durant sa tournée automnale ou l’écouter sur le dos, porté par le cours des mots.
Dominic Asselin
Vague idée, Océan à la nage
La Tribu
À écouter si vous aimez / Daniel Bélanger, Thomas Hellman, Daniel Lanois