Jamie Lidell : De la soul
Musique

Jamie Lidell : De la soul

Jamie Lidell recrée la magie des grandes années Stax et Motown avec les moyens d’aujourd’hui.

Sur Jim, disque de néo-soul ensoleillée lancé plus tôt cette année, Jamie Lidell pousse plus loin les expériences amorcées sur Multiply, il y a quatre ans. Le musicien pose sa voix sur des musiques chaloupées qui renvoient tantôt à James Brown, tantôt au jeune Stevie Wonder. Chant exalté, cuivres mordants, choeurs enfiévrés, harmonica zézayant… la totale, quoi. "J’étais à la recherche d’une facture classique, reconnaît Lidell. Cette fois, je me suis intéressé davantage aux chansons qu’aux sonorités. Je voulais quelque chose de simple. Du coup, j’ai passé beaucoup de temps à enlever des couches, jusqu’à ce que je trouve le bon arrangement."

Bibitte de studio, Jamie Lidell s’est d’abord fait un nom dans l’électronica, à la fin des années 90, au moment où il a posé sa quincaillerie à Berlin. C’est là qu’est survenue son épiphanie soul. Sans définitivement renoncer à ses premières amours, l’Anglais a ressenti comme un coup de foudre pour la soul des années 60 et 70. "C’était le caractère organique de tout ça. C’était la maîtrise technique des instruments. Le type de production, qui fait appel à la créativité, explique Jamie Lidell. J’ai énormément de plaisir à jouer sur ces tableaux. Les choses se sont goupillées à Berlin, par accident. C’était comme un puzzle dont on trouve enfin les pièces manquantes. Quand je vivais à Brighton, par exemple, ça n’aurait pas pu prendre. Je n’avais pas rencontré les bons musiciens, et il me manquait l’expertise nécessaire pour me frotter à cette esthétique Motown", se rappelle-t-il.

UNE ÉQUIPE DE RÊVE

Pour les besoins de la présente tournée, Jamie Lidell voyage avec trois musiciens "hyper cool. Il y a notamment un nouveau claviériste, qui a beaucoup travaillé avec Matthew Herbert. Je pense que j’ai finalement assemblé mon dream team. Ça promet!" lance-t-il, tout excité. Comme Jim doit beaucoup au travail de studio, Lidell a renoncé à le reproduire à l’identique. Le travail d’adaptation scénique implique un recours à l’électronique, confie le musicien: "On transporte une sacrée quantité de matos, de quoi créer tout un boucan! Cette fois, je pense avoir réuni les conditions gagnantes."

Par le passé, Lidell ne s’est pas toujours senti 100 % à l’aise au sein d’un groupe. "J’ai encore du mal à me considérer comme un band leader, avoue-t-il. Ça me semble un peu étrange, mais je m’y fais tranquillement."

Il pourra toujours prendre quelques leçons en observant un certain Elton John, pour qui Lidell réchauffera les salles en Europe, plus tard cet automne. Au fait, que pense le musicien de la production récente de Tonton Elton, pas particulièrement organique… "N’importe quel génie musical finit par connaître des périodes creuses, rétorque Lidell. C’est le cas d’Elton John. Oui, il a fait de la merde, mais il a aussi créé des trucs géniaux. Quoi qu’il en soit, je me sens privilégié d’avoir reçu l’invitation. J’ai de l’admiration pour le bonhomme. Il n’a pas peur de livrer le fond de sa pensée, quitte à se mettre les pieds dans les plats. Respect."

À écouter si vous aimez /
Sharon Jones and The Dap-Kings, Stevie Wonder, Jamiroquai