Jamil : Pourvu que ça dure
Jamil fait durer sa réputation grivoise en baptisant son troisième album Je dure… très très dur… et en posant avec une banane à la main sur la pochette.
Le titre de l’album est certes un clin d’oeil à son style de textes, qui traitent souvent des relations hommes-femmes. Or, avis à tous, Jamil admet qu’il s’agit aussi d’un message. "Quand j’ai sorti Pitié pour les femmes (2004), plusieurs disaient que j’étais un producteur has been qui se payait un trip d’artiste. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai sorti très rapidement mon deuxième album, Pitié pour les bums (2005). À partir de là, les choses ont commencé à changer. On a arrêté de me voir comme un ancien gérant, mais comme Jamil, l’auteur-compositeur. Avec ce troisième album, je prouve que je dure."
Pour cet album, coréalisé avec Stéphane Grimm, Jamil s’est entouré de ses fidèles compagnons du Gland Orchestre (faut-il s’étonner du nom?), composé de Nicolas Grégoire, Julien Bradette et François Therrien. Parmi ses autres collabos: Antoine Gratton et Nadjim, leader du groupe Labess. Il en résulte un album bigarré, où la chanson française flirte avec des sonorités arabisantes, blues, manouches et même électro. "J’avais le goût d’être plus musical pour cet album. On s’est amusé. On a capté les chansons live en studio, sans métronome. C’était un beau trip de musiciens."
Il reste que l’aspect musical est loin de voler la vedette à la plume de Jamil. Celui-ci n’a rien perdu de sa verve coquine et de son humour grivois. Qu’il parle de ses poubelles, de l’amour incestueux qu’il porte à sa mère, de son talent pour la drague ou de l’insécurité étouffante de son amante, ses nouveaux textes sont encore une fois truffés de poésie aussi brute que sensuelle. Ils sont d’ailleurs chantés avec une voix plus sûre; rauque et fière de l’être. "J’ai fait 250 shows avec mes deux premiers albums. Qu’on le veuille ou non, ça développe une voix!"
CHEZ LES FRANÇAIS
Sa voix à la Tom Waits commence tranquillement à résonner outre-mer. En mai dernier, Jamil était invité à l’émission française Les Années bonheur, animée par Patrick Sébastien et attirant en moyenne 10 millions de téléspectateurs. Le lendemain de son passage, sa page MySpace accueillait plus de 20 000 visiteurs qui avaient été charmés par ses chansons Les Moitiés et Je pète au lit. Fier de son 15 minutes de gloire en sol français, il ne s’enfle pas la boule pour autant. "Je n’ai même pas de distributeur en France, je ne peux pas vendre de disques! J’attends qu’une compagnie accepte de me signer. J’ai une équipe qui travaille là-dessus, dont une excellente attachée de presse sur place. Mais c’est compliqué. Là-bas, l’industrie est un vrai jeu de chaise musicale, ça n’a pas de sens."
En attendant de percer chez nos cousins, Jamil entend faire durer le plaisir ici, en se concentrant sur la sortie de son album et sur les shows en formule cabaret qu’il donnera à l’Olympia de Montréal, les 13 et 14 novembre prochain.
Jamil
Je dure… très très dur…
(Leila/Select)
À écouter si vous aimez /
Georges Brassens, Boby Lapointe, Jean Yanne