Mes Aïeux : Des générations
Musique

Mes Aïeux : Des générations

Mes Aïeux rechaussent chapeaux et bottes de sept lieues et se lancent sur La ligne orange, cinquième album du groupe, afin que redémarre une éternelle veillée enfiévrée.

Un succès, ça vous propulse un artiste, mais ça peut aussi le freiner sec. C’est un peu ce qui est arrivé avec Mes Aïeux. La tournée de spectacles finie, ils étaient au repos comme le sont les musiciens, toujours à préparer le disque suivant, à chercher des idées, à se démener dans un local de répétition.

Arrive la fanfare radiophonique qui catapulte la chanson Dégénérations au sommet. Impossible de se défaire de ces couplets, de ce rythme. Le chanteur et comédien Stéphane Archambault s’en explique: "On l’avait faite pour démarrer nos spectacles et susciter un questionnement chez l’auditeur. Pas pour balancer des dogmes ou de grandes vérités. Mais c’est vrai que ma génération, les fin trentenaires, on se pose des questions. Qu’on a parfois envie de retrouver un peu de la vie de nos ancêtres, de revenir à certaines valeurs, sans tomber dans le passéisme. Mes Aïeux, on a toujours été à cheval entre deux trucs. À mi-chemin entre le néo-trad et la pop."

Le succès de Dégénérations, vu de l’intérieur, Archambault s’en étonne encore: "Ce n’était pas prémédité; jamais on aurait pu savoir que ça marcherait. Ça nous est tombé dessus. Puis c’est venu nous gruger comme un démon. Je me suis mis à écrire des textes qui expliquaient, qui tentaient de justifier les idées soulevées dans cette chanson. Une série de textes que j’ai jetés. Allais-je être capable d’écrire autre chose?".

À écouter la nouvelle galette des rois des ondes, on ne craint plus pour la veine créatrice d’Archambault, principal parolier du groupe qui compte six membres: "On discute des chansons au moment de leur écriture. On se réunit pour un repas, autour d’une bouteille, et on parle des sujets que l’on aimerait aborder. Moi, j’ai un calepin et je prends des notes. Avec La ligne orange, c’est un tas de thèmes hétéroclites (écologie, errance, recherche d’identité, solitude, etc.) que l’on propose comme un long voyage, représenté par la ligne orange du métro. Le Grand Antonio en est un personnage important. Mais tout ça est un gros projet collectif, tout le monde y met du sien."

Collectif, le mot a son importance pour Archambault. Il affirme que sans le groupe, jamais il n’aurait eu l’idée de chanter, sans doute pris par ses rêves de comédien (les amateurs de la télésérie Rumeurs se sont tout de suite entichés de son personnage de Jacques). Il y a longtemps, Archambault habitait en coloc avec le guitariste Frédéric Giroux. Tous deux, ils se sont mis à bricoler des chansons. D’autres musiciens se sont joints à eux. Mes Aïeux était né. Festif, vous avez dit festif? Une génération qui brasse les notes et les mots ensemble. Le public danse, s’agite et laisse les réflexions pour plus tard, une fois la solitude de l’après spectacle regagnée.

Une chanson qui va faire rêver et cogiter dans les chaumières, c’est Le vieux pont, un texte de Louis-Joseph Doucet qui date de 1910: "Je lisais un livre qui s’appelle Les cent plus beaux poèmes québécois, je suis tombé sur ce poème d’un auteur qui s’adresse à une autre génération, et j’ai trouvé ça intéressant qu’une autre génération le remette en contexte…"

Une autre chose dont Archambault est fier à propos de La ligne orange, c’est la pochette. Elle est signée du grand bédéiste Michel Rabagliati, créateur de la série des Paul… Tous les membres de Mes Aïeux admirent son travail; ils ont été ravis qu’il dessine l’intégralité du volumineux livret. Une belle naïveté traverse les dessins de l’un, les chansons des autres. Une génération qui espère.

Mes Aïeux
La ligne orange
(Les Disques Victoire)

À écouter si vous aimez /
La Bottine Souriante, Les Cowboys Fringants, Le Vent du Nord