Mother Mother : Mon coeur d'animal
Musique

Mother Mother : Mon coeur d’animal

Mother Mother a fait une rentrée automnale remarquée et défend sans complexe une production qui s’inscrit dans les incontournables de la saison.

C’est au Québec, plus précisément lors de l’édition 2006 de Pop Montréal, que tout s’est concrétisé pour le groupe Mother Mother de Vancouver. C’est à ce moment que Ryan Guldemond rencontre les représentants de Last Gang Records et officialise une union qui allait donner au chanteur le tremplin tant souhaité.

Après un premier album intitulé Touch Up, réédité pour répondre aux besoins en 2007, le quintette s’est donné les moyens de ses ambitions avec O My Heart, paru en septembre dernier. "C’est un enregistrement qui est beaucoup plus réfléchi et travaillé", indique le chanteur et compositeur du groupe. "Nous l’avons enregistré dans un contexte traditionnel et très fashion. Ça, c’était nouveau pour nous. Une chose est certaine, nous avons été ambitieux et nos objectifs étaient très clairs. C’était un défi. On ne sait jamais comment les choses vont tourner lorsque ça devient intense. Nos aspirations sont devenues des pressions que nous nous sommes imposées à nous-mêmes."

Et pourtant, au ton posé de l’artiste, d’un calme plat mais très réfléchi, on peut deviner une volonté personnelle de rester imperméable au tourbillon qui entoure la formation, dans le point de mire de l’industrie. On mise gros sur Mother Mother, et le syndrome Arcade Fire plane à l’horizon. La comparaison est juste, sur certains points: une énergie comparable sur la scène (collective et contagieuse) et une instrumentation recherchée, qui intègre autant le violoncelle que le saxophone ou encore la clarinette basse, tout en laissant place à des harmonies vocales étonnantes. Le groupe nous propose une pop qui exploite une palette d’expression très large et maîtrisée.

"De l’acoustique pure vers quelque chose de plus électrique, tente de résumer l’artiste. Nous adorons ces deux spectres sonores. Il faut se rappeler qu’à nos débuts (lui, sa soeur Molly au chant et Debra-Jean Creelman au violon), c’était acoustique. C’est notre terrain de jeu d’origine. Lorsque Jeremy (Page, bassiste) et Ali (Siadat, batterie) se sont joints au groupe, les choses ont évolué et nous avons pu élargir nos horizons. C’était tout à fait naturel d’exploiter cette nouvelle dimension. Le seul problème que nous avons, et c’est tant mieux ainsi, c’est que nous ne pouvons choisir entre ces deux spectres sonores. Je pense que d’essayer de trop préciser une forme d’expression musicale ou encore de nous imposer un cadre sonore très précis parce que c’est de la pop serait une erreur. Pour nous, cette expérience musicale est très précieuse. L’inverse serait monodimensionnel et beaucoup moins excitant."

Solitaire, seul architecte de l’ensemble du répertoire, Ryan Guldemond semble être un irréductible pédagogue et impose sa volonté sans heurt. "Être en face d’un groupe et penser pouvoir le diriger comme bon nous semble… C’est impossible. C’est une bête féroce et puissante qui nous fait face. Il faut lui donner de la liberté, sinon on en paye le prix. J’ai une vision pour l’ensemble des compositions, elle est très importante pour moi, mais lorsque les musiciens l’endossent et s’expriment à travers elle, c’est à ce moment-là que je me dois d’être prudent. La plupart du temps, c’est plutôt jouissif."

À écouter si vous aimez /
The Pixies, Dearly Beloved et New Order