Peter Hammill : Singulier personnage
Musique

Peter Hammill : Singulier personnage

Le chanteur Peter Hammill, l’une des voix les plus étranges à avoir émergé d’Angleterre, se produit en solo dans l’intimité du Gesù. Émotions fortes en perspective.

Le musicien et chanteur Peter Hammill a toujours refusé de se laisser enfermer dans une étiquette quelconque, fut-ce celle de rock progressif ou celle, aux contours encore plus flous, de art rock. Bien qu’il ait pu citer parmi ses influences les noms des bluesmen John Lee Hooker ou Muddy Waters, je lui demande s’il ne trouve pas drôle que ce soit la série "Jazz à l’année" du FIJM qui invite le frontman des diverses incarnations, depuis 1969, du groupe britannique Van der Graaf Generator à venir nous présenter quelques extraits de sa vaste production solo (plus de 30 albums de matériel original depuis 1971, sans compter la douzaine de VdGG). "Je crois que le monde du jazz a vraiment élargi son champ d’action, comme celui du rock d’ailleurs, et je ne suis pas du tout inconfortable avec l’idée de me produire dans ce contexte." Plus tard il ajoutera: "Les artistes de ma génération sont soit, très populaires, soit disparus depuis longtemps. J’ai eu une carrière relativement confidentielle, mais il y a toujours des gens intéressés à entendre ce que je propose et qui reviennent; en ce sens, c’est une carrière qui ressemble à celle de plusieurs jazzman."

Il y a un bon bout de temps que l’on a vu Hammill à Montréal, en solo ou avec VdGG. La première fois, c’était en 1974, en première partie de Genesis, et le public avait été pour le moins surpris, une moitié de la salle répondant chaleureusement et l’autre criant bien fort son incompréhension… "Oui, je me souviens, commente Hammill. C’est un genre de réaction que j’avais déjà vécu avant, et que j’ai aussi rencontré après… La pire fois, c’est lorsque j’ai ouvert pour un concert de Peter Tosh en Italie… Ça, c’était extrême!" La musique d’Hammill est très personnelle, comme les thèmes qu’il aborde, et sa façon de chanter (il peut passer du souffle angélique aux vociférations gutturales dans la même phrase) ne laisse personne indifférent; on adore ou on déteste. "C’est sans compromis, en effet, explique-t-il, et encore plus en format solo, où ça devient carrément intense. C’est une façon de faire qui a pu rendre les choses difficiles, mais c’est peut-être aussi ce qui explique que ceux qui s’intéressent à ce que je fais continuent à me suivre. Mon public n’est pas énorme, et il peut être très critique, mais il me laisse le bénéfice du doute avec mes explorations. Si je n’avais pas cherché à me renouveler constamment, je me serais tanné le premier!"

Le dernier album de Peter Hammill, Singularity, est paru en 2006. "Je travaillais sur le prochain il y a 20 minutes, me dit-il. Il devrait paraître l’année prochaine. Il faut dire que j’ai été assez occupé avec Van der Graaf." En effet, la formation, dont il est le guitariste, la voix et l’âme, a repris le collier en 2005, et on attend impatiemment qu’un producteur montréalais s’en aperçoive! D’ici-là, on ira l’entendre avec plaisir en solo; une expérience toujours aussi singulière.

À écouter si vous aimez /
Robert Fripp, Fish, Peter Gabriel