Coral Egan : Striptease de l'âme
Musique

Coral Egan : Striptease de l’âme

Coral Egan remonte sur scène gonflée à bloc. L’artiste se montre intègre devant un art qu’elle cultive sans compromis.

Enfin, la voici de retour sur scène. C’est que voyez-vous, Coral Egan a dû interrompre le branle-bas promotionnel qui suit habituellement la sortie d’un album pour différentes raisons. L’une, très positive, est la naissance de sa fille. L’autre, un peu plus délicate, est l’opération qu’elle a subie aux cordes vocales après qu’on y eut décelé des polypes, forme de tumeurs non cancéreuses. Une épreuve qu’a traversée la chanteuse avec succès; la nouvelle maman, elle, est comblée de joie.

En plus de son nouveau spectacle, l’interprète réfléchit déjà à la suite de Magnify, son dernier album. Un nouveau disque qu’elle prend le temps de cogiter dans les moindres détails. "Que des chansons en français, précise-t-elle avec enthousiasme. Je ne sais pas encore quelle direction musicale ça prendra. Il faut que je trouve mon chemin pour trouver les mots."

Placée dans une catégorie à part avec My Favorite Distraction et son dernier opus, elle explore sans limites un spectre musical qui s’éloigne de l’étiquette. Sa voix est le point central de son inspiration et elle laisse une place prépondérante à son instinct. "Avec une mélodie en tête, ma voix va imposer un cadre à l’écriture, indique-t-elle. Mes textes devront s’y subordonner. Tout commence par elle. Je suis très intuitive. Je ne pose pas trop de questions lorsque je suis en train de travailler ou d’enregistrer. Je demeure très spontanée et je crois que c’est l’une de mes forces. Ma voix, c’est quelque chose qui m’accompagne au présent. C’est immédiat. C’est lorsque je dépasse les limites, sans vouloir être parfaite, que je trouve ça beau."

Avec son fidèle collaborateur Charles Papasoff à la réalisation, elle a su trouver la zone de liberté qu’elle souhaitait. Ses racines musicales sont fortes – pensons à sa mère Karen Young; le gospel et le spiritual sont le centre névralgique de son intégrité artistique. Pour elle, il est encore étrange de constater l’obstination d’une industrie à vouloir cantonner les artistes. "J’aimerais tellement ça me plonger dans n’importe quelle couleur musicale sans avoir à me justifier, avoue-t-elle. Les artistes que j’aime sont des artistes qui dépassent les styles. On aime Beck parce que c’est Beck, par exemple. Pas parce que c’est rock ou pop. J’aime ceux qui restent intègres dans ce qu’ils font et qui cassent le moule."

Encline à la réflexion et à une vision humaniste, sinon idéaliste, Coral Egan semble porter une foi particulière en la musique. Plus sombre sur My Favorite Distraction, elle se montre lumineuse avec Magnify qui, selon elle, détermine un nouveau chapitre. "Je pense que c’est plus facile de composer des chansons tristes que des chansons positives et joyeuses. Je ne voulais pas devenir légère et superficielle, loin de là, mais je voulais au moins partager ma joie tout en communiquant quelque chose de profond. Nous sommes tous des êtres humains et nous devons composer avec nos propres imperfections. Même ça, c’est récupéré, et nous voyons les gens se livrer en spectacle sur le plateau de Dr. Phil. Toute cette téléréalité… Est-ce qu’il y a une façon d’être tout nu sans que ce soit de la porno!?"

À écouter si vous aimez /
Cassandra Wilson, Joni Mitchell et Karen Young