Pete Möss : Grève générale intermittente
Musique

Pete Möss : Grève générale intermittente

Avec Pete Möss Presents Sober on Strike Episode 3, la formation sherbrookoise poursuit une grève rock qui n’est pas près de trouver son règlement.

Hiver 2003. Au Café du Palais, Johnny Maximum, guitariste, et Martin "Garth" Beauregard, batteur, font l’éloge d’une formation inconnue de tous, Pete Möss, distribuant des billets pour son premier concert sans mentionner qu’ils en font partie. Une hasardeuse façon de faire mousser les attentes qu’ils combleront, un canular jetant les bases de l’esprit Pete Möss, le quintette rock sherbrookois se prenant le moins au sérieux et mettant tout en oeuvre pour le faire le mieux et le plus souvent possible.

Des anecdotes semblables (et des pires), les deux musiciens pourraient en raconter suffisamment pour faire l’objet de 10 musicographies. Reste qu’au quotidien, les Pete Möss sont raisonnables et affables, à des lieues de l’impertinence et de leur arrogance de scène. À peine quelques tignasses longues et tatous confirment de leur appartenance au monde du diable (le rock, of course).

Le titre de leur deuxième album à paraître, Pete Möss Presents Sober on Strike Episode 3, témoigne de cette double vie: une fois montés à bord de leur autobus de tournée, les hommes sobres qu’ils sont tombent en grève et redeviennent ces cinq amis insouciants.

ROCK DE RÉGION

Bien que le groupe soit irresponsable sur la route, l’investissement et le travail qu’il effectue pour se faire entendre n’ont, eux, rien d’improvisé et d’innocent. On est d’ailleurs surpris, à la lecture de son dossier de presse, de constater à quel point la bande a vu du pays. Encore cet été, les cinq rockeurs (Tim Brink, chanteur; Sly Tremblay, guitare rythmique; et Jeff Doobie, basse) prenaient tous une journée de congé pour un concert en Outaouais (profond). "Aller jouer à Maniwaki, c’est pas différent d’aller jouer à Montréal pour nous autres. J’ai autant de respect pour les gens dans la salle, soutient Beauregard. De toute façon, qu’est-ce qu’on va faire, tondre le gazon chez nous?"

Cette incessante tournée va de pair avec une stratégie de promotion misant sur le soutien des radios indépendantes en région. Les chansons sur les palmarès de stations de La Tuque, Dégelis, Fermont, Baie-Comeau, Châteauguay, Saint-Gabriel-de-Brandon, Moncton, Pete Möss les cumule avec fierté; les cherche, même. "Nous autres, quand on a une bonne toune qui pourrait être un extrait radio, on ne fait pas exprès pour la faire durer 5 minutes et demie. On ne la fait pas nécessairement moins heavy, ça je trouverais que c’est se prostituer. Mais faire une structure de chanson qui est plus radio friendly, je pense que c’est juste se donner une chance", explique Maximum.

Et concrètement, comment Pete Möss essaie-t-il de se "donner une chance"? En changeant le titre original de la pièce la plus accrocheuse de Sober on Strike, Boobs, Beer and BBQ (un hymne-testostérone avec refrain à la Weezer), pour Booze, Babes and BBQ, par exemple, le mot boobs étant toujours proscrit sur les ondes. Mais sincèrement, sans le savoir, on n’y aurait vu que du feu.

Pete Möss
Pete Möss Presents Sober on Strike Episode 3
(Kay Productions/Universal)
En magasin le 21 octobre

À écouter si vous aimez /
AC/DC, Buckcherry, Jonas