Popkomm : Popkomm un charme
Le festival Popkomm célébrait, cette semaine, ses cinq ans à Berlin. Retour sur un événement qui frise la démesure.
En déménageant de Cologne à Berlin il y a cinq ans, le Popkomm était largement en perte de vitesse, et l’équipe qui a pris le pari d’opérer ce changement risquait gros.
Force est de constater, après quatre jours de concerts de toutes sortes à travers la ville qui ont attiré plus de 81 000 spectateurs du 8 au 11 octobre, que l’événement est bien implanté dans la capitale allemande et qu’il est devenu incontournable pour quiconque travaille de près ou de loin dans le milieu de la musique.
Mais hormis ses quelque 400 artistes provenant de 32 pays et qui étaient répartis dans 34 salles de la ville, dont une grande partie dans le complexe Kulturbrauerei situé dans l’est de Berlin, le Popkomm, c’est aussi un énorme trade show, le plus important en Europe avec le Midem de Cannes, où plus de 14 000 visiteurs – reliés de près ou de loin au monde de la musique en général – se sont déplacés pour rencontrer les 843 exposants, dont 75 % provenaient de l’étranger, et assister aux nombreuses conférences (dont celles d’Andy Gibb des Bee Gees et du cinéaste Wim Wenders), panels et ateliers dans l’énorme complexe d’exposition Messe Berlin. Mille-quatre-cents journalistes étaient aussi présents, surtout pour le fameux trade show.
Le Canada, comme une soixantaine d’autres nations, avait son kiosque, et 30 groupes, artistes solos et DJ de partout à travers le pays étaient là pour présenter le vaste panorama de la scène musicale canadienne (les Blue Seeds, The United Steel Workers of Montréal, Deadbeat, Mike Shannon, The Mole, Milosh, Ernesto Ferreyra et Thunderheist "représentaient" Montréal). Si la sélection fut, à mon avis, discutable, le simple fait d’avoir une telle vitrine dans un événement aussi important est primordial. Hélas, avec les coupures annoncées par le gouvernement conservateur – s’il est réélu (au moment d’écrire ces lignes, les élections n’étaient pas entamées), il est fort possible que la présence canadienne à la prochaine édition du Popkomm soit beaucoup plus discrète. C’est ce que l’ambassadeur du Canada à Berlin, qui était au showcase Canadian Blast avec son fils, m’a laissé entendre.
Cette année, c’est la Turquie qui était le pays à l’honneur et 13 formations – de styles couvrant autant la musique traditionnelle que la techno – étaient présentes. On a aussi pu découvrir des musiques d’Australie, de Finlande, de Belgique, de France, de Suède, du Danemark, d’Italie, d’Irlande, du Brésil, d’Angleterre et d’Allemagne, bien entendu. Cela dit, ne cherchez pas de vedettes dans ce festival, car outre Tricky, Travis et une poignée d’autres, tous les artistes présents sont peu connus à l’extérieur de leur propre pays, et encore.
Des quelque 50 concerts auxquels j’ai assisté, j’en retiendrai trois. D’abord, celui des Finlandais de Rubik qui jouaient dans le cadre du showcase du label Fullsteam Records. Imaginez Malajube en moins chargé et moins prog, Arcade Fire en moins exubérant, et vous aurez une petite idée de la bête. Ensuite, je soulignerai la perfo du groupe hollandais Voicst. Une belle énergie juvénile, des chansons accrocheuses avec cuivres et claviers, un chanteur dynamique, une forte présence scénique des sept musiciens, bref, un show franchement divertissant. Finalement, je mentionnerai les Israéliens de Sabbo & Kuti Electric Jam (normalement une dizaine sur scène, mais qui ont dû se déplacer en trio à Berlin), qui m’ont bien impressionné avec leur électro-dub groovy.
La prochaine édition du Popkomm aura lieu du 16 au 18 septembre 2009. On verra alors combien d’artistes canadiens seront présents…