Ariane Moffatt : La fille qui fait pop
Pour le spectacle de Tous les sens, Ariane Moffatt souhaitait un retour à une ambiance plus intimiste.
Si la vie tumultueuse d’Ariane Moffatt prenait la forme d’un dessin animé, celui-ci n’aurait pas l’allure de Candy, mais plutôt celle d’Astro le petit robot. C’est ce personnage qu’elle a en tête lorsqu’elle interprète Réverbère, petit bijou pop tiré de Tous les sens, son dernier album. Dans ce coloré manga, si l’héroïne avait un super pouvoir à choisir, lequel serait-il? "La téléportation, dit-elle avant de ricaner un peu. Je suis une fille impatiente qui aime passer rapidement du point A au point B. Ça me calmerait", explique-t-elle avant de rigoler à nouveau.
Dans la réalité, Ariane Moffatt est cette artiste qui redéfinit la pop québécoise à grands coups d’audace et d’authenticité. Après trois albums (et un DVD), elle est indélogeable du coeur de bien des amoureux de la chanson d’ici. "Le public que j’ai trouvé, ou que Daniel [Bélanger] m’a offert, c’est du monde ben ouvert. Je peux faire mes affaires et on me suit là-dedans."
Pour ce qui est du public français, disons qu’Ariane n’en est qu’aux préliminaires. Elle est entrée par la grande porte grâce au soutien d’amis bien en vue (M, Yael Naim…), mais c’est en janvier 2009 que la relation deviendra sérieuse avec la sortie de Tous les sens en France. On ne parle pas ici d’une relation à distance, car elle ira s’installer à Paris pour un certain temps. "Mon objectif, c’est six mois, précise Ariane. On ne sait pas ce que la vie nous réserve, mais je n’ai pas l’impression que je pourrais vivre à Paris toute ma vie. Je suis trop attachée à ici." Vraiment, la téléportation serait pratique.
LE CHOEUR A SES RAISONS
Avant le début des aventures parisiennes, c’est un automne de tournée au Québec qui est au programme pour Ariane Moffatt et ses musiciens: Joseph Marchand (guitariste), Marie-Pierre Fournier (bassiste), Joseph Perrault (batteur) et Pierre-Philippe Côté (multi-instrumentiste). "J’ai hâte. Le Coeur dans la tête, ça ne fait pas si longtemps que ça, mais chaque fois, j’oublie à quel point c’est agréable comme quotidien. Tu casses toute forme de routine."
C’est aux îles de la Madeleine que le show fut monté. "Je suis au paradis d’avoir fait ça là-bas. Ça a bien parti le bal. On est dans un climat vraiment relaxe. C’est plus acoustique comme spectacle, moins dans le tapis." Il ne faut jamais sous-estimer l’effet apaisant de l’air salin des îles.
Sur la scène, tous les musiciens auront leur micro. On y chantera en choeur. "C’est très présent et nouveau par rapport à ce que j’ai fait avant. Tout le monde chante. Ça crée un mood ben organique."
L’autre grand changement pour Ariane Moffatt est de prendre plaisir à jouer un rôle sur quelques chansons. "Les couleurs d’interprétation, ça me fait triper." Sur Tous les sens, deux textes sont de Franck Deweare, un autre ami français d’Ariane. "On se sent un peu comme s’il était Serge Gainsbourg et que j’étais sa Jane Birkin sur Tes invectives." Cette pièce fait d’ailleurs un charmant clin d’oeil à Histoire de Melody Nelson de Gainsbourg par les arrangements de cordes et quelques sons vintage.
Mais n’ayez crainte, car la "signature Moffatt" reste profondément québécoise. "Ici, on a un côté plus groovy, plus chaud. Des fois, j’ai l’impression que les Français essaient de faire du rock et que ça ne "rocke" pas trop."
À écouter si vous aimez /
Daniel Bélanger, M, Plaster