Auguste Quintet : Bleu lundi gris
Sur Bluesy Lunedi, l’Auguste Quintet évoque la routine du travailleur de façon contemporaine et inventive.
Formé en 1994 sous le nom d’Auguste Quartet, l’Auguste Quintet est un ensemble de jazz acoustique contemporain mené par Alain Bédard, contrebassiste qui préside également Effendi Records, un label montréalais se consacrant au jazz. C’est un troisième album de compositions originales, Bluesy Lunedi, que le groupe lançait la semaine dernière. Complété par Alexandre Grogg (piano), Pierre Tanguay (batterie), Frank Lozano et Jean-Christophe Béney (tous les deux au saxophone, ténor et soprano), l’Auguste Quintet effectue ces jours-ci une tournée québécoise et, du même coup, poursuit son inlassable recherche de la note bleue.
En tant que fin observateur de la scène jazz québécoise et mondiale, Alain Bédard propose inévitablement une musique empreinte de modernité, mais cette fois, elle est caractérisée par une simplicité harmonique. "Je voulais me rapprocher un peu plus du blues. Il y a une espèce de signature "monkienne". J’ai poussé des concepts un peu plus modaux. Ça a un côté plus ambiant."
L’écriture d’Alain Bédard laisse une grande place à l’improvisation. "La signature d’un contrebassiste, c’est toujours spécial. Sur le plan rythmique, il y a des passages qui font que les musiciens travaillent fort. Ma musique est basée sur la mélodie. Elle peut être chargée, souple ou légère, mais il y a une grande rigueur. Même chose pour la forme musicale. J’essaie de créer des surprises." Ainsi, le quintette emprunte des chemins inconnus chaque fois qu’il se retrouve sur scène. "Il faut être attentif et avoir l’oreille aiguisée pour suivre toutes les démarches improvisées de chacun."
La présence de deux saxophonistes dans la formation caractérise également beaucoup le son de l’Auguste Quintet. "C’est plus chantant. Avec deux horns, tu crées une couleur particulière. Surtout avec deux saxophones ténors. Ça permet l’ouverture de tout le registre."
JAZZ, PQ
Selon le président d’Effendi Records, est-ce que le jazz se porte bien au Québec? "Très bien. Il y a beaucoup de jeunes qui arrivent et qui sont très bons. Ils sortent des universités avec des idées nouvelles. Beaucoup de disques sortent, des rencontres se créent… Il n’y a pas de vedette, mais on observe que la création est en meilleure santé."
Et que pense-t-il du jazz manouche du phénomène québécois The Lost Fingers? "Ils ont eu une bonne idée et ça marche bien (tant mieux pour eux), mais pour moi, ce n’est pas du jazz. C’est de la variété. Je connais la plupart des grands musiciens manouches; j’ai rencontré le fils de Django, Babik Reinhardt, à plusieurs reprises. Quand j’écoute des groupes comme les Lost Fingers, je trouve qu’ils ont des croûtes à manger. Tu les mets à côté d’un vrai groupe de jazz manouche et ils se sauvent en courant."
À écouter si vous aimez /
Le jazz acoustique contemporain, Thelonious Monk, Effendi Records