Karina Gauvin : Une vraie perle
Musique

Karina Gauvin : Une vraie perle

Alors que l’Opéra de Montréal s’orientalise pour accueillir Les pêcheurs de perles, de Georges Bizet, Karina Gauvin se glisse dans la peau de la prêtresse Leila.

Au moment où Georges Bizet composait Les pêcheurs de perles, créé en 1893, l’Europe découvrait encore avec fascination l’exotisme de ses voisins d’Orient, et le livret de Michel Carré et Eugène Cormon exploite cette veine en situant l’action à Ceylan (l’actuel Sri Lanka). Opéra "exotique" donc, mais pas trop, puisque l’on y retrouve le traditionnel triangle amoureux (teinté de manière originale de voeux de chasteté), la jalousie qui provoque le drame et, comme dans La Fanciulla del West, le couple d’amoureux qui se sauve à la fin. Dans des décors et costumes créés pour le San Diego Opera par la designer britannique Zandra Rhodes, l’action se déroulera sans doute dans un déluge de couleurs vives.

Peu de personnages principaux dans ces trois actes: les deux pêcheurs, Zurga (Philip Addis) et Nadir (Antonio Figueroa); le grand prêtre Nourabad (Alexandre Sylvestre); et la prêtresse Leila (Karina Gauvin). La soprano est surtout connue pour son attachement à la musique de Händel; jointe au téléphone, elle confirme: "J’arrive justement d’Allemagne où j’ai enregistré un troisième opéra pour Deutsche Grammophon. Après Alcina et Tolomeo, on vient de faire Ezio, toujours avec Alan Curtis et son ensemble Il complesso Barocco." Un disque consacré à des airs d’oratorios de Händel, enregistré avec Alexander Weiman et son ensemble Tempo Rubato, doit sortir ces jours-ci chez Atma.

Cependant, de Händel à Bizet, il y a un monde! La chanteuse acquiesce: "C’est complètement différent! C’est un grand pas pour moi, et je suis très heureuse de le faire. Je suis très reconnaissante envers Michel Beaulac, directeur artistique de l’Opéra de Montréal, d’avoir pensé à moi pour ce rôle. Je crois qu’il m’a entendu avec l’OSM et qu’il a détecté que ma voix pourrait fort bien servir Bizet. Je le remercie d’avoir osé! Ça arrive d’ailleurs à un moment où mes agents me suggéraient de faire davantage d’opéra, alors c’est une belle concordance."

Si la soprano a fait, au fil des ans, une spécialité du catalogue de Händel, il ne faut pas oublier que l’un de ses premiers disques était un récital de mélodies françaises (Debussy, Poulenc, Ravel, etc.) enregistrées avec Marc-André Hamelin. "Évidemment, explique Gauvin, un opéra français du 19e siècle, c’est bien loin de ce que j’ai pu faire ces dernières années avec Händel, tant en ce qui concerne la mise en scène que la musique. Vous allez m’entendre d’une façon complètement différente! On vient seulement de commencer les répétitions, mais je peux vous dire que je serai entourée de trois beaux hommes!"

C’est le chef français Frédéric Chaslin, lui-même compositeur de plusieurs opéras, qui dirigera l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal. On pourra revoir Karina Gauvin sur une scène montréalaise le 23 novembre prochain, au Monument-National, dans un premier récital en duo avec Marie-Nicole Lemieux (et avec le pianiste Michael McMahon) dans un concert soulignant le 10e anniversaire de la Société musicale André-Turp.

Consultez la page de l’Opéra de Montréal au www.voir.ca/operademontreal.