Lorraine Desmarais : Le jazz au pluriel
Musique

Lorraine Desmarais : Le jazz au pluriel

Lorraine Desmarais aime les défis et s’accorde des plaisirs absolus. Le jazz n’a pas de frontières pour cette artiste polyvalente et audacieuse.

La pianiste Lorraine Desmarais semble être abonnée à la ville de Québec ces derniers temps. Après son passage au Largo Resto-Club en juillet dernier en compagnie du bassiste Alain Caron, et une escale au Festival de jazz de Québec au mois d’août avec son trio, la récipiendaire du prix Oscar-Peterson 2002 est de retour, cette fois-ci au Festival des musiques sacrées de Québec, pour un concert inusité. "J’ai l’impression d’être en vogue à Québec, remarque-t-elle, enthousiaste. Depuis le mois de juillet, j’y suis de passage tous les mois."

Dans le cadre de ce festival, surtout consacré au répertoire de la musique ancienne, l’interprète plonge tête première dans la musique baroque à titre de soliste au sein de l’Ensemble Caprice. Une expérience qui se répète pour une deuxième fois, après une première expérience il y a quatre ans à Montréal. "Ce sont eux qui m’ont approchée à l’époque avec cette idée, se rappelle-t-elle. Mathias Maute (le directeur artistique de l’ensemble) avait préparé avec soin un programme que j’ai eu le plaisir de décortiquer et d’analyser avec un point de vue jazz pour m’y insérer avec des improvisations. Ç’a été un succès et nous avons eu beaucoup de plaisir à faire cet exercice. Et du coup, me revoilà avec eux avec un nouveau programme."

De Bach à Haendel, en passant par Vivaldi et Vitali, Lorraine Desmarais s’est même permis d’intégrer une composition d’Erroll Garner, propulsant ainsi ce concert à la croisée des chemins avec la rencontre de deux esthétiques séparées par quelques centaines d’années. "C’est un beau tandem, ajoute-t-elle. La musique baroque est sans doute ce qui se rapproche le plus du jazz si on considère l’ensemble du répertoire classique. On peut prendre à titre d’exemple les basses chiffrées qui étaient écrites pour le clavecin. C’était improvisé, entre autres dans le choix des accords."

La dynamique de cette représentation est un dialogue plutôt qu’une simple confrontation entre deux écoles de pensée. La pianiste prend ainsi un malin plaisir à faire écho aux interprétations de l’ensemble avec son doigté bien personnel. "C’est comme si on se donnait la réplique, précise-t-elle. Ce sont des suites de sections partagées, des enchaînements. L’Ensemble Caprice est un groupe spécialisé et il possède un son qui lui est propre. Moi, j’interviens avec ma vision, qu’elle soit jazz ou classique. Ça me permet de puiser dans mes expériences antérieures en tant que soliste. Malgré tout, je constate qu’il y a un son Lorraine Desmarais. Lorsque j’interprète Bach, je me l’approprie."

La polyvalence de l’interprète ne semble pas avoir de frontières en matière de style. Surtout sollicitée à titre de pianiste et comme compositrice, elle a également répondu à l’appel du chanteur Martin Deschamps pour son dernier album, Le Piano et la Voix. "Je n’accepte pas tout, mais il m’arrive de m’accorder des collaborations qui sortent de l’ordinaire. J’ai amorcé mon plan de carrière avec un trio, puis les horizons se sont ouverts et m’ont confrontée à des expériences symphoniques. Parfois, en tant que musicienne, j’aime toucher à d’autres styles simplement pour m’éduquer et pour constater ce qui se faisait d’autres époques."

À écouter si vous aimez /
François Bourassa, Mary Lou Williams et Scott Joplin