Florence K : Danse Lola, danse!
Florence K nous raconte comment son troisième album n’est pas celui qu’on croit. Écrit pendant que son Bossa Blue remplissait les salles et vendait 100 000 copies, La historia de Lola s’est développé au feeling.
"À un moment donné, j’ai dû mettre de côté le succès et ce chiffre de vente-là, parce que, sinon, on ne travaille plus naturellement. C’était plutôt comme si je repartais à zéro… Je n’ai eu aucun a priori. J’ai gardé la même naïveté, le même enthousiasme des débuts."
Évidemment, pour ceux qui la snobent, Florence passe pour la fille hyper chanceuse qui fait de la pop exotique et commerciale avec le support d’une grosse machine locale en plus d’être une usurpatrice dans le double domaine du jazz et des musiques du monde. Ceci n’est pas tout à fait vrai. Miss K est pianiste et chanteuse depuis l’enfance, mais elle reste aussi une productrice indépendante qui s’est payé ses disques de sa poche, sa compagnie Red Blues détenant encore les droits de ce troisième opus qui n’est que sous licence avec le géant Musicor.
"Je fais ce que j’aime, je vis de ce que j’aime faire, poursuit Florence, toujours animée dans ce café bruyant de NDG. Et j’assume entièrement que je ne fais plus du jazz comme à mes débuts. J’aime toujours le swing, mais je n’en fais plus en spectacle. Par contre, le jazz m’aide encore dans mes solos improvisés, et mes musiciens sont formés à cette école. C’est drôle, je remplissais mes formulaires de droits d’auteur sur Internet, cet après-midi, et là, tu n’as pas le choix: il faut cocher soit pop, jazz, classique ou instrumental. Pour la SODRAC (ndrl: droits de reproduction mécanique), je voulais mettre world pop! Ce n’est pas de la musique traditionnelle ou ethnique, mais des chansons qui ont pris des rythmes et des couleurs."
Le nouvel album, lui, c’est 13 titres dont 2 reprises pas évidentes venant de Duke Ellington et… Christopher Cross. Les 11 autres sont principalement des musiques latines de Florence et de "El Nino", le très polyvalent Jesus Alejandro. Les textes impliquent aussi Georges-Hébert Germain (eh oui!), Florence polyglotte (en français, anglais, espagnol) et sa tante Marie-Claude Choquette qui a laissé son travail de designer et traductrice pour venir augmenter le capital musical dans la famille. Et puis, il y a Bernard Lavilliers… Et c’est rare que le ténébreux Stéphanois implique son nom ou s’associe à aucun projet autre que les siens pour un duo. Mais après avoir accueilli Florence en première partie de sa tournée hexagonale, il est passé au studio à Montréal, en visite éclair, en revenant de New York. Et pour finir, il a choisi d’annuler son vol retour in extremis afin d’écrire et de chanter sur Et si jamais…
Mais le véritable plat de résistance dans ce nouveau programme, c’est l’histoire de Lola, chanson-titre, chanson-fleuve, qui commence en flamenco et se termine en langue arabe. Cette épopée d’une femme battante en Amérique du Sud, qui danse pour survivre à ses malheurs, a donné naissance au personnage maquillé incarné par la chanteuse elle-même sur la pochette. "Pas tout est parfait avec cet album-là, conclut Florence. Mais la musique, c’est ce que tu ressens, pas ce que tu penses. On a laissé par choix tout ce qui venait nous chercher parce que ça feelait tellement. J’ai finalement compris ça…".
Florence K
La historia de Lola
(Musicor/Select)
À écouter si vous aimez /
Liane Foly, Catherine Major, Gloria Estefan