Girl Talk : Clichés hot
Bête de scène, Girl Talk est passé maître dans l’art de transfigurer la musique pop en lui injectant une bonne dose d’échantillonnages de titres connus. Rencontre.
L’an dernier, lorsque Gregg Gillis, l’homme qui se cache sous le pseudo de Girl Talk, quitta son poste d’ingénieur en recherche biomédicale pour se consacrer exclusivement à la musique, il embrassa ce qui le branchait depuis l’adolescence: la pop. En fait, depuis la parution de son premier album en 2002 (l’ambitieux et bruyant Secret Diary), le jeune homme s’est progressivement éloigné des sentiers cahoteux de la noise pour emprunter ceux, plus lisses, de la musique populaire. "À mes débuts, je faisais partie d’une communauté de cinglés, laisse-t-il tomber. Dès mes premiers pas, je savais qu’on m’associerait à la scène IDM, mais j’ai toujours voulu m’éloigner de ce que les gens pensent de cette scène de laptops. La musique pop est sincère, directe et rejoint un vaste public. L’idée de produire quelque chose d’inédit me hantait. Le défi était de taille: créer de la musique bizarre tout en la rendant accessible et amusante", poursuit-il.
Puis, un soir, seul derrière son laptop, le jeune homme décide d’incorporer des échantillonnages reconnaissables à sa mixture détonante. Construits autour d’extraits de morceaux connus, ses brûlots empruntent autant à Rob Base qu’aux Jackson 5. La réaction de la foule est immédiate. "C’est à ce moment même que j’ai décidé de pondre de la musique plus accessible. Je n’avais plus envie de me prendre la tête. Pour moi, le projet Girl Talk consiste à aller chercher les trucs les plus évidents et entendus et tenter de créer quelque chose d’inusité. J’aime les clichés car, en se forçant un peu, on peut parvenir à les transgresser et débarquer avec un produit totalement frais."
De nature exhibitionniste, Gillis est reconnu pour ses nombreuses frasques sur scène. Même s’il s’est passablement calmé au fil des ans, il lui arrive encore de se dévêtir en se déhanchant autour de son laptop. "À l’époque, j’étais cinglé. J’affectionnais les spectacles différents. Il y avait un aspect performance très important. Visuellement, il fallait stimuler le public. Je criais et sautais partout. Même si c’était amusant, je me suis assagi car je considère que je ne produisais pas nécessairement de la musique festive! Mais je n’ai jamais oublié l’essentiel: me divertir, d’abord, puis divertir le public."
À écouter si vous aimez /
White Williams, John Oswald, Christian Marclay