Hugo Fleury : Le Bazar d'Hugo
Musique

Hugo Fleury : Le Bazar d’Hugo

Ancien chanteur de Polémil Bazar, Hugo Fleury lance son premier disque solo dans le cadre du Coup de coeur francophone.

S’ouvrant par une ligne classique d’accordéon sur laquelle s’appuie le texte vindicatif d’Hugo Fleury, les 15 premières secondes de l’album Soudure mexicaine donnent l’impression de renouer avec la défunte formation Polémil Bazar. Or, s’il a délibérément reproduit la facture sonore de son ancien groupe, le musicien originaire de Québec prend bien soin d’annoncer ses véritables couleurs quelques mesures plus loin, dès que résonnent la guitare électrique et la rapide batterie à contretemps. Baptisée Club Med, la chanson témoigne de l’évolution musicale d’Hugo qui flirte autant avec les musiques du monde que le punk, le folklorique ou le rock.

"Cette fois, j’ai goûté au plaisir de tout faire à ma tête, de ne pas négocier mes idées comme le voulait mon travail au sein de Polémil Bazar", explique-t-il au téléphone depuis sa maison située sur l’île d’Orléans. "Sur mon disque solo, j’avais envie d’entendre autre chose que de la clarinette et du violon. Je voulais laisser sortir mon côté Gogol Bordello, mélanger les genres. Ado, je jouais dans des groupes punk et j’ai toujours conservé cette attitude. Je suis un fan des Vulgaires Machins (le batteur Patrick Landry participe d’ailleurs à Soudure mexicaine). Polémil Bazar m’a légué un héritage musical, bien sûr, mais je souhaitais le prendre et l’amener plus loin."

D’ailleurs, personne ne s’attendait à voir Polémil Bazar disparaître après le succès de son deuxième album, Chants de mines, qui lui a valu le prix de l’Album de l’année au gala MIMI en 2004. Lancé par l’étiquette Tacca en 2006, Avale ta montre devait même mettre le groupe sur les rails du succès populaire. Or, le chemin de fer a plutôt mené au précipice. "On croyait qu’avec un contrat de disque, nous aurions plus de temps libre pour la création, mais ça n’a pas été le cas, commente Hugo. Parallèlement, on se sentait essoufflé. Il faut être honnête, on s’est un peu planté avec le troisième album qui a moins vendu que Chants de mines malgré une meilleure promotion. Ce n’était pas un message agréable à recevoir: le public de masse n’accrochait pas, et beaucoup de nos fans n’ont pas suivi. On s’est retrouvé dans une espèce de vide bizarroïde. Et pour maintenir notre niveau de jeu, il fallait investir énormément d’efforts dans le groupe, trop pour ce que ça rapportait."

Plus mordantes, les musiques d’Hugo servent toujours ses propos dénonciateurs livrés sur un ton plus ironico-fataliste que moralisateur. Si les radios parlées de Québec en prennent pour leur rhume sur les deux intermèdes CNUL FM, la société au grand complet y passe sur Soudure mexicaine, une expression référant au manque de vision à long terme de la race humaine. "La manière dont on répare les viaducs au Québec ressemble au leadership planétaire. On patche au lieu de réellement s’attaquer au problème. Une soudure mexicaine, c’est du dock tape collé à la va-vite. Nos vies sont régies par le même principe. On fait ce qu’on peut au jour le jour. On est pressé par le temps. On finit par improviser et on fait des gaffes. C’est plutôt péjoratif pour le peuple mexicain, mais l’expression était trop belle pour passer à côté."

À écouter si vous aimez /
Polémil Bazar, Gogol Bordello, Renaud