Lise Daoust : Stockhausen forever!

Le compositeur allemand Karlheinz Stockhausen a révolutionné la musique au 20e siècle à plus d’un titre, et particulièrement grâce à ses travaux en musique électronique (Gesang der Jünglinge, 1955-1956). Il s’est éteint le 5 décembre 2007, laissant derrière lui un catalogue de quelque 370 oeuvres de toutes natures. C’est en 1989 que la flûtiste Lise Daoust le contactait une première fois, afin d’avoir des indications pour l’interprétation d’une grande oeuvre (33 minutes) pour flûte et bande (Kathinkas Gesang als Luzifers Requiem, 1985): "J’avais commencé à travailler la pièce seule, se souvient-elle, mais sans grande conviction, parce que je n’avais jamais rien vu d’aussi complexe et demandant. Éventuellement, j’ai écrit aux éditions Universal, qui éditaient sa musique à l’époque, afin qu’on lui transmette quelques questions. Il m’a alors répondu que si j’étais vraiment sérieuse dans mon projet d’interprétation, le mieux serait d’aller travailler la pièce avec lui et la flûtiste Kathinka Pasveer. J’ai hésité un peu, mais je suis allée."

Stockhausen a écrit de nombreuses pièces pour certains interprètes privilégiés, qui bénéficiaient de son enseignement au quotidien et qui ont développé des façons très particulières de jouer de leur instrument; c’est pourquoi le contact direct avec ses interprètes est important pour pouvoir jouer sa musique, et c’est pourquoi le compositeur donnait chaque été, chez lui, des cours sur l’interprétation de sa musique. "C’était d’une rigueur que je n’avais jamais connue, explique la flûtiste, mais en mettant le temps et l’effort nécessaire, j’y suis arrivée!" Et pour cela, il fallait non seulement apprendre à jouer de mémoire une musique des plus virtuoses, mais aussi l’accompagner de la gestuelle et de la chorégraphie imaginées par le compositeur! Lise Daoust enseigne la flûte à l’Université de Montréal, et dans le cadre des Événements Stockhausen organisés ces jours-ci, c’est son étudiante Marie-Hélène Breault, qui a aussi étudié avec le compositeur, que l’on entendra interpréter le Chant de Kathinka. "Il faut aussi venir entendre Himmels-Tür (La porte du ciel, pour percussionniste et une petite fille), qui sera interprété par Stuart Gerber, qui a créé l’oeuvre, sur la porte conçue spécialement par Stockhausen!" Lise Daoust offrira une causerie sur "L’univers inouï de Stockhausen" en ouverture du concert triple offert par la SMCQ et la Faculté de musique de l’UdM.