Pigalle : Du neuf avec du vieux
Pigalle reprend du service après une dizaine d’années de silence.
Issu de la scène alterno française des années 80, celle-là même qui nous donna autant Bérurier Noir que Mano Negra, Les Wampas, Les Négresses Vertes ou OTH, Pigalle a longtemps servi de soupape à son leader François Hadji-Lazaro quand ce dernier voulait s’éloigner du punk primal de son autre groupe Les Garçons Bouchers (quand ce n’était pas de Los Carayos).
Pigalle, sauf erreur, a été le premier combo à remettre au goût du jour une certaine chanson française, ou plutôt une certaine chanson parisienne, un peu gouailleuse, celle des titis, des tripots et des bas-fonds, l’esprit punk en extra. La formation a fait école et depuis, on ne compte plus les groupes qui s’en inspirent.
Populaire jusqu’au Québec grâce au tube inespéré Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs (de l’album Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Trembley, personnage falot mais ô combien attachant paru en 1990), Pigalle a écumé toutes les scènes et bars-tabacs de France et de Navarre avant de mettre un terme à l’aventure, en 1998. Dix ans plus tard, le voici de retour. "Je suis du genre à m’ennuyer très vite, c’est pour ça que j’ai longtemps passé d’un groupe à l’autre. Un coup, c’était Pigalle, l’autre, Les Garçons Bouchers ou alors Los Carayos, explique François Hadji-Lazaro. Là, je sentais, après trois albums sous mon nom, qu’il était temps de changer. Donc, au lieu de mettre sur pied une autre structure, j’ai fait appel aux anciens membres de Pigalle avec qui je suis resté en contact. J’allais tout de même pas refaire Los Carayos parce que pour mettre la main sur Manu Chao à l’autre bout du monde, ça n’aurait pas été facile. Quant aux Garçons Bouchers, ce n’est pas la même structure musicale et, malheureusement, il y a deux des membres qui sont morts de différents abus depuis… Comme Pigalle est un peu intemporel au point de vue musical, c’est vite devenu une évidence après quelques coups au bistro et au resto avec les anciens membres! La décision s’est donc prise rapidement puisqu’il était question que l’on fasse une série de festivals d’été. Ce qui nous a surpris, c’est qu’il y a eu un gros impact. Du coup, on est reparti jusqu’à l’été prochain."
Entouré de deux anciens membres de la première mouture de Pigalle (et des Garçons Bouchers) et de deux autres musiciens qui accompagnent l’imposant multi-instrumentiste depuis plusieurs années, François Hadji-Lazaro a pondu six nouveaux titres, qu’on retrouve sur la récente compilation Neuf & occasion. "Je tenais à mettre de nouveaux morceaux sur cette compilation afin de montrer au public que la pâte Pigalle tient toujours mais qu’en même temps, on est intéressés par de nouveaux instruments et de nouvelles technologies. Ainsi, ça prouve qu’une musique peut dormir pendant 10 ans et se réveiller sans perdre sa personnalité, tout en évoluant d’une certaine façon. Évidemment, ça peut plaire ou ne pas plaire, mais ça, c’est un autre débat!"
À écouter si vous aimez /
Los Carayos, François Hadji-Lazaro, Les Négresses Vertes