Eagles of Death Metal : Blindés ben dur

Jesse "Boots Electric" Hughes a perdu ses élections. Supporteur de McCain, le leader des Eagles of Death Metal n’est pas à un paradoxe près. En fait, on se demande toujours qui est le vrai Jesse Hughes car le chanteur et guitariste du combo pop-rock qu’il a fondé sans trop y croire il y a bientôt 10 ans avec son pote Joshua "Baby Duck" Homme – gourou de Queens of the Stone Age – se plaît à brouiller les pistes et à jouer sur les seconds degrés; si ça se trouve, il a voté pour le parti communiste américain. C’est comme cette histoire d’embrouille avec Axl Rose en 2006… En deux mots, le groupe a été invité à partager une tournée avec Guns N’ Roses pour se faire éjecter dès le premier soir. "Axl Rose est un trou du cul", exulte "The Devil" Hughes qui en a encore visiblement gros sur le coeur. "Moi, je trouvais ça génial de jouer avec eux car, à mon avis, ce fut l’un des plus grands groupes de rock’n’roll des 20 dernières années. Je pense qu’Axl Rose était jaloux de nous ou quelque chose du genre, j’ai pas trop compris, mais quand il est monté sur scène, il a demandé au public s’il avait aimé les Pigeons of Shit Metal et il a rajouté que c’était notre premier et dernier concert avec Guns N’ Roses, alors qu’avant notre performance, il ne cessait de nous dire combien il nous aimait… C’est un vrai connard!" s’énerve le chanteur qui ira tout de même réclamer son Dr Pepper le 23 novembre prochain.

Tout ça fait finalement partie d’un certain mythe que la bande se plaît à entretenir. Ce qu’il faut retenir, en fait, c’est que EODM est à ne pas prendre trop au sérieux; juste le nom du groupe, qui n’a strictement rien à voir avec le death métal, en dit long. Et ce n’est pas son dernier album qui nous prouvera le contraire. Intitulé Heart On (doit-on préciser le jeu de mots?), on a d’un côté de la pochette une main de femme aux longs ongles polis qui tient un coeur ensanglanté dans lequel est planté un fil de guitare (ou jack 1/4 en bon franglais), et de l’autre, une belle paire de fesses… Le gros cliché, assumé par toute la bande, bien entendu. "Heart On… C’était pour déconner ce titre, mais on l’a tout de même gardé, rigole Jesse Hughes avant de se lancer dans une série de phrases sans queue ni tête en français. "En fait, le disque devait s’intituler Stylus Interruptus, mais comme Josh a utilisé lui aussi un titre en latin pour le dernier album de Queens of the Stone Age (Era Vulgaris), j’ai pas eu le choix que d’opter pour Heart On!"

Ce troisième effort du groupe californien est probablement le plus nuancé et le plus travaillé du lot. Si la rythmique de base, toujours avec Homme à la batterie (en studio mais rarement en concert), est encore très simple et drôlement efficace, l’enrobage est beaucoup plus collant et sucré, plus élaboré aussi. Jesse Hughes ne cache pas sa joie à ce sujet: "Je suis vraiment content de ce disque, il est nettement plus travaillé que les deux autres. Plus pop aussi. En fait, je dirais que c’est notre deuxième disque car le premier ne compte pas, à mon avis. Maintenant, il va falloir que j’essaie d’expliquer le sens de Heart On aux francophones dans la salle." On l’a mis au défi de tenter le coup… en français!

À écouter si vous aimez /
Queens of the Stone Age, T-Rex, Cheap Trick