Karkwa : Rock en pantoufles
Karkwa vient nous présenter sur scène Le Volume du vent dans les meilleures dispositions possible, à l’aise, en synergie, presque en pantoufles.
Pilote automatique: une expression que l’on n’est pas habitué d’entendre de la bouche d’un musicien. C’est pourtant celle que Julien Sagot, percussionniste de Karkwa, choisit pour décrire comment il se sent aujourd’hui, sur scène, avec ses quatre collègues. "Pilote automatique, ça ne veut pas dire "plate", ça veut dire "confort" aussi. Ça veut dire que tout est installé, que l’éclairagiste va faire ses punchs, que le gars du son va faire son job", explique-t-il. Stéphane Bergeron, batteur, précise: "Le pilote automatique fait que t’as vraiment une base solide dans ton show, que lorsque viennent les moments où tu te donnes plus de liberté, tu as plus d’assurance. Tu sais que tu peux jammer et aller très loin sans te perdre."
On reconnaît ainsi les cinq musiciens d’expérience de Karkwa, dont le récent confort technique n’est qu’un passeport pour plus d’explorations, de dérapes, qu’un moyen de donner leur pleine mesure sans se faire de tracas. "On sait qu’on a une base et que même si on est fatigués, même s’il y a des problèmes, on n’ira pas en bas d’un certain niveau de qualité", soutient Bergeron.
Donc pas de pilote automatique sur le plan musical pour Karkwa, qui offrira dans de nouveaux arrangements les pièces de son précédent album, Les tremblements s’immobilisent, et qui ne dédaigne pas quelques incursions dans l’univers du rock progressif. "Les structures sont très ouvertes. Il y a tout le temps des bouts où on peut improviser. C’est sain pour la santé mentale de ne pas avoir un show trop formaté", avoue Sagot.
PRÈS DU PARADIS
Confortablement installée, la bande de Louis-Jean Cormier (chanteur-guitariste) l’était moins lors de ses trois concerts donnés avec Patrick Watson en juin dernier. À peine quelques petites heures de répétition et les deux formations se lançaient dans les The Great Escape de l’un et les Coup d’État de l’autre. Pour Sagot, la hardiesse allait s’avérer fructueuse. "C’est un des meilleurs shows que j’ai faits dans ma vie", confie le musicien qui en a vu d’autres. "Ce sont des gars que je trouve individuellement très inspirants."
La franche camaraderie qui unit Patrick Watson et Karkwa, autant humainement qu’artistiquement, a peut-être aussi à voir avec la similarité de leurs parcours, qui leur ont permis de se ménager un espace entre succès populaire et reconnaissance des acteurs de la musique émergente (Karkwa cumule, par exemple, quatre nominations au prochain Gala de l’ADISQ et a remporté trois prix au dernier GAMIQ). À ceux qui leur reprocheraient d’être ratoureux et de jouer sciemment sur une frontière floue, Stéphane Bergeron répond: "Je trouve que c’est typiquement québécois. À partir du moment où un groupe que tu as épaulé et soutenu pendant un certain nombre d’années connaît du succès, à cause d’un certain manque de fierté ou de vision, faudrait quasiment que tu le renies. Mais notre disque, c’est le même disque."
À écouter si vous aimez /
Radiohead, Patrick Watson, El Motor