Tcheka : Il faut checker Tcheka

Si la prestation scénique de Tcheka en trio doit égaler le contenu de son nouvel album, Lonji, ce prince des îles va faire un véritable malheur ici! De son vrai nom Manuel Lopez Andrade, ce beau jeune homme est né dans une famille de musiciens traditionnels de l’autre côté de l’Atlantique. Mais loin du funana typique et de la morna de Cesaria, il incarne aujourd’hui l’avant-garde de la chanson cap-verdienne. Même s’il s’en défend: "Je ne sais pas, dit le musicien avec une sincère humilité, je ne pense pas à ce genre de choses. Je fais la musique comme je la sens, sans réfléchir. Je reste proche des musiques traditionnelles en apportant ma touche personnelle, mais je ne sais pas si cela fait de moi l’avant-garde de la musique de mon pays."

En fait, le changement paraît majeur à l’écoute de ce nouveau disque stupéfiant de talent. L’implication du musicien brésilien Lenine, qui signe la réalisation du projet, semble déterminante aussi. Le rocker de Sao Paolo met en relief une tension manifeste dans ces chansons, loin de l’indolence insulaire des ballades langoureuses et plates. Dynamisme du jeu, modernité des accords: on se demande où ils sont allés chercher une si flagrante originalité. "À part mon père qui est violoniste, avoue le musicien, je n’ai pas vraiment eu de modèle de guitaristes. De toute façon, la radio marchait assez mal, et je n’ai découvert les autres artistes que beaucoup plus tard."

Les chansons de Tcheka parlent des peuples qui vivent loin et qui n’ont rien et pour qui la seule richesse est la famille; du travail à la ferme et des conflits de voisinage. Le chanteur nous les amène en trio avec deux gars de chez lui: Marcos Alves (percussion) et Lucio Vera (basses). "Je suis très content de travailler avec eux, j’ai beaucoup de chance. Collaborer avec Lucio m’a vraiment beaucoup apporté, humainement et musicalement."

À écouter si vous aimez /
Lenine, Tito Paris, Boy Ge Mendes