Luc Raymond : Humain avant tout
Musique

Luc Raymond : Humain avant tout

Le D.J. Luc Raymond se joint à l’ATSA et propose 30 voix + 1, une installation sonore inspirée de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

D.J. apprécié dans le réseau des clubs et des événements de grande envergure du type Black & Blue et Bal en Blanc, autant ici (Sona, Stereo, Aria et Playground, entre autres) qu’ailleurs sur la planète, Luc Raymond a délaissé le monde magnifié des clubs ces derniers temps. À des années-lumière des bouffées de boucane artificielle, le voilà engagé aux côtés de l’ATSA (Action Terroriste Socialement Acceptable), dans la rue, plongé au coeur d’une réalité loin d’être grisante. Un choc, ce passage d’un monde à un autre? "La perception du contact que j’ai avec le public des clubs est devenue moins satisfaisante. J’ai l’impression de me rapprocher de la réalité en participant à un événement comme celui de l’ATSA. Je fais encore des sets une fois de temps en temps, au Red-Lite, dans un club de Toronto, par exemple, mais je ne suis plus rattaché à un endroit et je ne performe plus tellement à Montréal." À 43 ans, Luc Raymond, qui oeuvre aussi dans le milieu du cinéma (musique, montage et/ou conception sonore de La Moitié gauche du frigo, Un crabe dans la tête, Manifestes en série, Notre père le bon Dieu dans la rue) est passé à autre chose et "c’est de ça que j’ai besoin".

Depuis six ans, il participe à l’État d’urgence décrété par l’ATSA. "Mais c’était comme D.J. lors du grand banquet ou alors comme collaborateur au montage de bandes-son. C’est la première fois que je m’implique à titre d’artiste."

En passant par le parc Émilie-Gamelin, les Montréalais entendront des bribes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui célèbre ses 60 ans. En écho sonore à une grande fresque peinte sur une trentaine de portes par des gens qui fréquentent le Centre St-James (un havre qui accueille des adultes éprouvant des difficultés sociales), l’installation de Luc Raymond sera projetée par des haut-parleurs répartis au-dessus du quadrilatère. "Les matériaux de base m’ont été fournis par Amnistie internationale. Il s’agit d’enregistrements des 30 articles de la Déclaration universelle déclamés dans plusieurs langues. Quand tu les lis, la première chose qui te saute aux yeux, c’est que ça va de soi. Mais quand tu t’attardes à l’application et que tu regardes où on en est dans le monde par rapport à ces droits, tu réalises qu’on en entend seulement des bribes à travers le grand "vacarme" ambiant. (…) Les gens ne comprennent pas tous la même chose non plus. Par exemple, un dictateur dans un pays d’Afrique est au courant de la Déclaration et l’interprète à son gré… Et nous aussi, en fait. On se trouve ben bons, on vit dans un pays assez démocratique où il n’y a pas trop de violence… Mais les gens qui seront autour de nous lors de l’État d’urgence sont les victimes du désengagement généralisé. De là est venue ma démarche: utiliser ce qui me sautait aux yeux, même dans des langues que je ne connais pas, et l’intégrer de façon aléatoire à une trame."

À écouter si vous êtes sensible à /
La dignité humaine, la justice sociale, l’art situationniste

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ATSA SONORE

Décidément, les organisateurs de l’ATSA ont tricoté une belle programmation musique… De quoi réchauffer le coeur des mélomanes et passants curieux. Parmi les spectacles attendus, Yves Lambert performera sur le site d’État d’urgence le 27, les Vulgaires Machins le 28, 3 gars su’l sofa le 29 et la colorée Fanfare Pourpour le 30. Chaque soir, des soupers avec D.J. invité ont lieu dès 18 h. L’ensemble vocal Les Voix ferrées, le duo Salive, le cinéaste Hugo Latulippe et Alain Auger feront aussi un petit tour de chant. Le 29 novembre, Bon Débarras, Chiwawa, la soprano Jacinthe Thibault, La Horde vocale et Samian seront en spectacle lors du grand banquet gastronomique des chefs Martin Picard, Normand Laprise et Moustafa Rougaibi animé par Stéphane Crête. www.atsa.qc.ca pour l’horaire complet!