Luke Doucet : Americana en sécession
Musique

Luke Doucet : Americana en sécession

Luke Doucet assurera la première partie du spectacle de James Blunt, mais le chanteur ne donne pas pour autant dans la ballade.

Il est né à Halifax d’une mère irlandaise et d’un père acadien. Il a par la suite vécu à Toronto, Vancouver et Edmonton. Même le Manitoba se rajoute à cette liste. Autant dire que Luke Doucet connaît le pays comme le fond de sa poche et qu’il correspond en tous points à l’idéal canadian que projetait Trudeau. Par contre, c’est avec précaution qu’il se risque, à la fin de cette entrevue, à nous répondre en français. "Je me suis promené beaucoup, c’est vrai, constate-t-il. Mais je n’ai jamais vécu au Québec. Je connais Montréal, ma soeur y habite. Par contre, je n’y suis jamais demeuré plus que quelques semaines. Comment connaître ce pays sans avoir vécu au Québec? C’est impossible. J’aurai l’occasion d’y être plus souvent au mois de mars prochain. Je compte sortir un disque en français. Des traductions de quatre chansons déjà enregistrées et une nouvelle composition. C’est mon père qui est mon conseiller numéro un pour la traduction."

Enraciné dans le folk country et l’americana, le jeune auteur a sorti son troisième album, Blood’s Too Rich, il y a quelques mois. Un disque qui n’est pas passé inaperçu alors qu’avec son groupe, The White Falcon, l’artiste présentait une production inspirée. Un séjour à Nashville semble avoir été la bougie d’allumage de cette réalisation.

"C’est la faute de ma blonde, précise-t-il. Elle ne pouvait pas supporter de passer l’hiver à Edmonton. J’ai pensé à Houston, une ville que je connais bien, mais je devais être plus proche de New York. Alors Nashville a été le compromis. Je ne pensais pas du tout y aller pour travailler, mais la ville était inspirante et plusieurs compositions se sont complétées là-bas. C’est quand même une ville très conservatrice. Et je ne suis vraiment pas un fan de leur musique pop country. On emploie souvent le terme americana pour définir ce que je fais. On sous-entend que le vrai americana vient du sud des États-Unis. C’est faire abstraction d’un groupe comme The Band ou encore de Neil Young. Je pense que nous avons une culture qui endosse parfaitement cette musique. Pas besoin de s’exiler à Nashville à tous les coups."

Des pièces comme Blood’s Too Rich, Cleveland (qui fait écho à Wilco), et The Day Rick Danko Died mettent en valeur l’écriture évocatrice de ce guitariste accompli et mélomane averti. Une pièce comme Take You Home, par contre, nous surprend par son propos plus intime et sa signature rock aux accords plaqués. En quelque sorte une ballade qui a pris une tournure inusitée. "C’est ma première véritable tentative dans le genre. Écrire une ballade… C’est un style avec lequel j’ai beaucoup de difficulté. Je ne voulais pas tomber dans le mélodramatique. Je voulais un son qui contraste avec la mélodie. Je la joue maintenant en spectacle. Pas depuis longtemps. Ça peut te donner une idée de mes réserves en face de ce genre de musique. Mais, qui n’a pas écrit de ballade? Nous parlions de Neil Young juste avant, mais John Lennon… Il est sans doute l’un des meilleurs auteurs et interprètes de ballades."

À écouter si vous aimez /
Wilco, Calexico, Neil Young