Patrick Mathieu : Le créateur et sa créature
Le compositeur Patrick Mathieu présente une adaptation pour toute la famille du mythe de Frankenstein. Un opéra qui est promis à un succès monstre!
En 2006, déjà à l’occasion du Festival Les Coups de Théâtre, la petite compagnie Voxpopuli présentait sa toute première production, une adaptation assez colorée du conte La Chèvre de Monsieur Séguin, d’Alphonse Daudet, dont la mise en scène était signée par nul autre que Paul Buissonneau. Le jeune compositeur Patrick Mathieu, qui en avait aussi réalisé l’adaptation et qui est également l’un des fondateurs de la compagnie, a trouvé son public. "On a beaucoup joué à Montréal, dans le réseau des maisons de la culture, mais aussi en région, au Nouveau-Brunswick et jusqu’au Brésil! Nous y avons créé une troupe qui fait la version en portugais. On le fera bientôt en Argentine, en espagnol, et la version anglaise devrait être créée en Angleterre." Pas mal pour un début!
Pour sa deuxième production, le compositeur a choisi d’adapter l’histoire de la créature de Frankenstein qu’avait imaginée Mary Shelley au début du 19e siècle. "Pour moi, explique-t-il, tout se joue sur plusieurs niveaux de relations de pouvoir. Par exemple, dans la relation filiale qu’entretient le docteur avec sa fille, et dans celle qu’il entretient avec le monstre. Aussi, nous avons inventé un personnage, celui d’un évêque qui entretient une relation de pouvoir avec le docteur. Ce dernier prétend que l’on ne peut arrêter le progrès, mais l’évêque n’a aucun intérêt à ce que les choses changent." Le fond est bien dramatique, mais le traitement l’est aussi, à plusieurs niveaux. Ainsi, le compositeur nous annonce le premier air de pets de toute l’histoire de l’opéra! "Il y a le personnage du serviteur, Pantoufle, qui s’envoie une bonne bouteille avant de s’apercevoir qu’il vient de boire une bouteille de laxatif. Alors, évidemment, ça dégénère un peu!"
Patrick Mathieu tenait le rôle de la chèvre dans la première production de Voxpopuli, et le voici qui se glisse cette fois dans la peau du monstre. "N’ayez crainte, promet-il, je ne chanterai pas!" De ce côté-là, tout de même, le compositeur sera bien servi, puisqu’il peut compter sur les voix de Bernard Levasseur (baryton, Dr Frankenstein), que l’on a déjà pu entendre chez Chants Libres, de Sasha Djihanian-Archambault (soprano, Marguerite), que l’on a pu entendre tout récemment lors de l’hommage à Pierre Mollet du Conservatoire de musique de Montréal, et de Geoffroy Salvas (basse, Pantoufle et L’évêque), qui était de la distribution de La Fanciulla del West à l’Opéra de Montréal.
La musique sera interprétée au piano par Francis Perron. Difficile de composer pour jeune public? "Avec La Chèvre…, on a pu confirmer que la musique peut intéresser aussi bien les jeunes enfants que les ados, et leurs parents. La musique est un peu plus dense dans Frankenstein, mais il y a un équilibre qui se fait avec la mise en scène." Celle-ci a été confiée à Marc-André Coallier. "Il fait un travail phénoménal, explique Mathieu. Les chanteurs me disent: "C’est aussi bien qu’avec Buissonneau, mais en plus, il ne nous engueule pas!"." Enfin, la scénographie et les éclairages sont de Régis Guyonnet. Pour les 8 ans et plus.