Robert Charlebois : Planète Charlebois
Musique

Robert Charlebois : Planète Charlebois

Robert Charlebois, avec Avril sur Mars, trimbale à Québec son plus gros show en carrière.

C’est à l’été 2007, alors que Robert Charlebois laissait tomber le rideau sur la tournée Tout écartillé, que les planètes se sont alignées pour Avril sur Mars. Invité à donner le coup d’envoi du 25e Festival Juste pour rire à Montréal, le rockeur québécois en avait profité pour se permettre une petite folie et rassembler sur scène trois guitaristes, une section de cuivres ainsi que les quatre batteurs qui s’étaient relayés pendant la tournée. L’expérience avait eu l’effet d’une bombe dans son esprit: pourquoi n’ajouterait-on pas des cordes et des claviers?

"Avril sur Mars, c’est un show où je me paye la traite, s’exclame-t-il. Parce qu’on n’est pas éternels. Il y en a plus derrière que devant: il faut bien être lucide aussi. En période de morosité économique, les gens essayent de rogner et, moi, j’ai fait le contraire." En effet, le spectacle lancé en avril dernier compte sur l’énergie de quelque 20 musiciens, le Mur du son Orchestra. Car selon Charlebois, seuls les artistes qui vont en donner beaucoup survivront à la crise. "Il y a beaucoup de définitions de l’art, mais en fait, ça reste un luxe de l’esprit. Quelqu’un qui est en train de perdre sa maison, je ne pense pas qu’il a envie d’aller s’acheter du chocolat ou des disques. Mais d’un autre côté, vu qu’on est dans le business de l’évasion et que les gens auront beaucoup envie de se changer les idées, ils vont choisir, être plus sélectifs. Ils vont aller voir des shows qui offrent quelque chose d’un peu exceptionnel. Évidemment, si la conjoncture n’est pas bonne et que j’ai une demi-salle, je paye mes artistes avant de me payer moi. Exactement le contraire de ce que font les banques, rigole-t-il. Il y a un gros risque dans ce sens-là. Mais les gens aiment bien les artistes qui prennent des risques!"

Sur scène, Robert Charlebois et sa bande pigent à travers une cinquantaine de pièces-monuments. "Il y a beaucoup de chansons modulaires. Un soir, on va faire La Marche du président. Un autre, je vais parler plus et on ne la fera pas. J’aime bien faire 1 h 35, 1 h 40 de spectacle. Au-delà de ça, ce n’est plus de la générosité, c’est de la prétention!"

De fait, le musicien est tout sauf vaniteux, et ce, même s’il collectionne les honneurs. Après le prix du Gouverneur général, le prix de la Ville de Paris, le prix de l’Académie Charles-Cros et bien d’autres, il vient d’être reçu à l’Ordre du mérite de la radiodiffusion. "Je me répète sûrement, mais à l’école, je n’en avais jamais de médailles parce que je n’étais pas bon. Je pense qu’il faut rester un peu enfant vis-à-vis de ça. C’est vrai que j’ai une bonne carapace, car j’en ai eu pas mal des médailles et de trophées. Le Québec, le Canada, l’Académie française, Grand Montréalais, plus les médailles de bières dans le temps d’Unibroue! (rires) Ça fait toujours plaisir, surtout ça, les radiodiffuseurs, qui sont la base de notre métier. Comme vous dire… Si maintenant les gens n’achètent plus de disques et qu’en plus on ne tourne pas à la radio, qu’est-ce qui nous reste?"

À écouter si vous aimez /
Michel Pagliaro, Daniel Boucher