The World Provider : Disque à colorier
L’iconoclaste The World Provider lance Hard Feelings, un nouvel album sous la forme d’un cahier de jeux dans lequel on retrouve un code d’accès pour télécharger les chansons. L’art de ne pas faire les choses comme tout le monde.
Ne demandez pas à Malcolm Fraser de suivre le fil et encore moins de rentrer dans le moule dans lequel on retrouve tous les adeptes de l’indie rock 101; sous son pseudo The World Provider, le Torontois exilé à Montréal depuis quelques années déjà n’en fait qu’à sa tête. Ceux qui connaissent le coloré personnage, issu de la bande d’artistes torontois dans laquelle on retrouvait Gonzales, Mocky, Feist et Peaches, sont habitués à son univers. On se souvient des concerts loufoques où ce timide musicien, seul derrière son clavier, se transformait en entertainer de partys de sous-sol maladroit, sorte de croisement entre un prof de gym resté scotché au début des années 80 et un nerd genre Napoleon Dynamite qui a fait le pari de grimper sur une scène et de chanter pour les hipsters plus cool que lui. Rien à son épreuve.
"Quand j’étais à Toronto il y a quelques années, il y a eu une soirée hommage à Devo à laquelle je voulais participer. Donc, parmi mes connaissances, j’ai cherché des musiciens pour monter une chanson mais personne ne pouvait ou ne voulait. Alors, sur les conseils de mon amie Peaches, je l’ai fait seul. C’est comme ça que The World Provider a commencé. Mais au fond de moi, j’ai toujours eu le désir de jouer avec un groupe", avoue Malcolm au bout du fil, quelques heures avant de monter sur scène en première partie des Stars à Québec. "Donc, j’ai commencé à jouer avec des musiciens vers 2004, on and off. D’abord en duo avec ma femme Stacey DeWolfe (claviers), puis avec Olga Goreas des Besnard Lakes (batterie) et Kara Blake (claviers), qui a aussi réalisé des vidéos pour moi. Si je me suis retrouvé avec trois filles dans le groupe, c’est dû au hasard, ce n’était pas calculé. Mais disons que c’est cool, ça donne une bonne image, je trouve."
Hard Feelings a été enregistré au studio Breakglass de Montréal, mais étalé sur deux années. "J’y allais quand j’avais le temps et selon la disponibilité des autres musiciens qu’on retrouve sur le disque." Parmi ces musiciens, signalons Mike Feuerstack (Bell Orchestre, Wooden Stars, Snailhouse), Steve Raegele (Besnard Lakes), Warren Auld (Royal Mountain Band) et… Feist! "Elle est une amie de longue date, je jouais de la musique avec elle à ses débuts", précise le World Provider dans un français presque impeccable. "Elle avait déjà chanté sur mon précédent album, avant que les choses démarrent sérieusement pour elle, et pour celui-ci, je lui ai simplement envoyé un courriel lui demandant si elle voulait participer et elle a accepté! C’était un peu compliqué pour qu’elle ait un peu de temps de libre, mais ça s’est fait!"
Histoire de bien se démarquer du lot, et pour sauver un peu de sous on imagine, le World Provider a décidé de faire paraître son nouvel effort (il a déjà une cassette, deux E.P. et deux albums complets à son actif) sous un format, disons, assez original et inusité. "Hard Feelings est disponible pour le moment uniquement sur Internet, souligne l’iconoclaste musicien. En fait, c’est d’abord un livre de jeux, avec des mots croisés, des petites blagues, des questionnaires, des bédés et des charades, dans lequel il y a un code d’accès qui permet de télécharger les chansons du disque. Mais il devrait être offert en format CD un peu plus tard. Les gens vont pouvoir se procurer le livre de jeux à mon concert de lancement. Ce sera un show plus punk-rock, mais punk-rock avec des claviers. J’ai toujours rêvé d’avoir un groupe comme AC/DC ou les Ramones mais avec des claviers cheap au lieu des guitares. Et je réalise enfin ce rêve-là!"
À écouter si vous aimez /
Devo, le Ween des débuts, They Might Be Giants