Jorane : Madame X
Jorane commémore une décennie de création en publiant Dix, album double compilant matériel connu et méconnu.
Dix ans, déjà… N’était-ce pourtant pas hier que Jorane nous apparaissait, balayant notre paysage musical tel un vent fou? Une compilation retraçant la singulière trajectoire de l’artiste permettra de mesurer le chemin parcouru, de ses premiers coups d’archet à ses plus récentes réalisations pour le septième art.
Jamais du genre à faire les choses comme les autres, Jorane propose un best of à valeur ajoutée. Un premier gravé comprend 10 pièces déjà parues choisies par le public à la suite d’un appel à tous – les noms des votants sont d’ailleurs inscrits dans le livret. La sélection inclut notamment Comme avant, Pour Gabrielle et Le Feu. "Ce ne sont pas nécessairement les pièces les plus à gauche, fait remarquer Jorane, mais bien certaines des plus accessibles. Ça me fait plaisir, parce que ça veut dire qu’il y a une essence toute simple à ce que je fais, et les gens semblent l’apprécier."
Le second disque réunit 10 pièces "inédites" composées pour le grand écran, encore jamais compilées. Coulant avec la fluidité d’un authentique album, elles partagent une facture éminemment mélancolique. "Oui, c’est vrai, corrobore Jorane. Je leur trouve aussi un côté soul searching. Elles forment un disque que tu peux mettre en lisant, en travaillant, en écrivant." Ce sont des chansons "intemporelles", ajoute l’auteure, qui ont été retenues aux dépens de certaines pièces dont les arrangements sentaient le vieillissement.
La plus récente de ces musiques de films est tirée de Mesrine: l’instinct de mort. "Ç’a été un exercice de style différent de ce que j’avais fait dans le passé, explique Jorane. Avec Éloi Painchaud et le compositeur Marco Beltrami, on a fait des trucs très jazzy, respectant une instrumentation et un style très précis." On devrait bientôt pouvoir entendre le résultat dans un cinéma près de chez nous.
La composition du programme de Dix a amené Jorane à dépoussiérer certains enregistrements antédiluviens. "Je suis tombée sur un démo que j’avais fait dans mon petit local à Québec. J’ai été frappée par l’espèce de pureté des débuts. Je sortirai peut-être ça un jour, même si la qualité sonore n’est pas du niveau de celle des disques." La musicienne ajoute que réécouter ses créations constitue toujours une expérience troublante, dans le bon sens du terme. "Ça vient nous brasser, explique-t-elle. C’est tellement intime, je n’en reviens pas qu’on laisse ça sur les tablettes des magasins [rires]…"
Faire le bilan, après 10 ans, ça amène aussi, par ricochet, à se projeter vers l’avant. Des projets d’avenir, Jorane en a une dizaine en tête. Lui reste seulement à s’asseoir et à en choisir un en particulier. "Est-ce que je vais faire un album symphonique ou un album solo, toute seule dans mon garage? Ce sera quoi, le prochain?" se demande-t-elle. Or, pour l’heure, la musicienne doit se concentrer sur les rénos rendues nécessaires par l’arrivée imminente de jumeaux. Du coup, c’est peut-être à un album de berceuses qu’on aura droit, la prochaine fois.
Jorane
Dix
(Tacca/Select)
À écouter si vous aimez /
L’univers de Jorane, la musique de film, les compilations à valeur ajoutée