Martin Léon : C’est ça qui est ça
Martin Léon cherche l’équilibre et apprivoise l’exercice. Mûr pour la scène, il a trouvé les moyens de se renouveler au présent.
Il est bien, Martin Léon. Le jeune homme de 40 ans, sans être tombé dans un état contemplatif et latent, compose maintenant avec une maturité éclairante et nourricière. Les choses vont à son rythme. "Ben raide", souligne-t-il sans détour. Son travail l’habite, et pas question de mettre la pédale au plancher pour calmer l’angoisse que génère l’inertie, un état qui envahit la plupart des artistes. L’auteur du disque Le Facteur vent, lui, a pris le temps d’apprivoiser son métier. Comme il le dit si bien: il est dans sa track et bien chaussé.
"Quand j’avais 25 ans, j’avais envie d’avoir une image forte, se rappelle-t-il. Ma sincérité dans ce temps-là, c’était d’être au meilleur de mon panache. Ce n’est plus ça aujourd’hui. Maintenant, quand je parle de sincérité, c’est d’enlever cette image et d’être présent. D’être là. J’essaye en tout cas. La sincérité, ça va avec l’authenticité. Je pense qu’un être qui est vraiment intégral, il est dans l’instant présent et nulle part ailleurs. À 40 ans, c’est ça. À moins d’avoir été un moine pendant 15 ans, c’est impossible à cet âge de maîtriser cet état. J’y travaille et c’est vers ça que j’avance."
Le sourire aux lèvres, il nous indique avec son naturel contagieux qu’il a trouvé la solution pour se remettre sur la route, un an après la sortie de son deuxième opus solo. Un album qui réunit 11 réflexions sur l’amour et qu’il considère encore comme très intime. L’artiste a pris le temps de cogiter le tout et a trouvé la clé. "Je me suis vraiment posé la question. Pourquoi je ferais une tournée? Est-ce que j’en ai vraiment besoin? Il faut que tu aies de quoi à dire! Dans ma réflexion, je me suis rendu compte de certaines choses. Quatre mois pour finalement me dire que oui, il y a encore des gens qui aiment ça écouter un artiste sur scène aujourd’hui. Oui, j’ai de quoi à dire. Et puis, cet album-là, je l’ai fait tout seul dans mon studio. Là, c’était le temps de partager ma musique avec des musiciens et de créer un dialogue. De refaire les arrangements. De choisir une guitare à cordes de nylon au lieu de l’acoustique ou de l’électrique et d’arriver à communiquer un groove."
Le compositeur s’est permis de remonter les années et de parcourir plus de 10 ans de matériel accumulé pour forger ce spectacle. Un vaste répertoire avec lequel il a tissé un nouveau fil conducteur. Un exercice qui lui a permis de voir en lui-même et de faire certains constats. "Je me suis toujours cassé la tête pour simplifier les affaires, admet-il. C’est un long processus. Quand une idée apparaît en moi, les choses sont complexes. Ça se présente par petits bouts. C’est peut-être pour ça que je suis lent aussi. J’ai l’esprit un peu morcelé. Il y a 15 ans, c’était la même chose. Mais le résultat demeurait complexe malgré tout. Il y a toujours plein d’options qui se présentent lorsqu’on compose. Aujourd’hui, je fais des choix."
À écouter si vous aimez /
Daniel Bélanger, Fred Fortin, Leonard Cohen