Tricot Machine : Sombre Noël
Tricot Machine lance un mini-album qui prend Noël à contre-pied avec des taches noires sur la blanche neige.
Il y a pas mal de neige et de mitaines dans les chansons de Tricot Machine. Une bonne part du public considère le duo comme léger, charmant et doux. Et amoureux. Et enfantin. Alors, quoi de plus naturel que célébrer Noël avec un livre-disque de huit titres: Tricot Machine chante et raconte 25 décembre. Une belle promesse pour les amateurs de réconfort. De fait, certains airs y ont le pied léger. D’autres beaucoup moins. C’est la meilleure surprise de cette classe de neige. Tricot Machine creuse à nouveau le tunnel de chansons plus sombres qu’on retrouvait également sur le premier album (La pluie; Le trou).
Au bout du fil, la voix joviale de Catherine Leduc se voile soudainement lorsqu’elle évoque ce que représente Noël pour les deux frères Beaumont, la cellule créatrice de Tricot avec elle: "C’est un disque très personnel. Il représente quelque chose de particulier pour Matthieu et Daniel. Il y a une dizaine d’années, leur mère est décédée un 25 décembre. Au coeur de ce disque, il y a cet épisode-là de leur vie."
Les nouvelles chansons s’appellent 25 décembre, Sur la route du presbytère… Émouvantes, elles parlent de peur, d’angoisse et de mort, mais toujours avec une souplesse d’écriture et d’interprétation qui prouve qu’on est bien chez Tricot Machine, avec une démarche originale. On pourrait croire à une volonté de la part du duo de casser son image lisse et celle de la fête de Noël elle-même: "Pour moi, il y a une grande mélancolie. Autant c’est un moment où on est ensemble, on est content de se voir, mais aussi le moment où on pense plus à l’envers de la médaille, aux gens qui ne mangent pas. Il y a une prise de conscience plus particulière. Quand on a réécouté cet album, on a perçu une joie dans certains morceaux, mais aussi une joie dans la mélancolie. C’est drôle, car sur le premier disque, il y a beaucoup de mélodies très joyeuses, par contre, dans les textes, ce l’est rarement… Des petites histoires un peu tristes, presque toujours…", dit-elle en riant.
Pour ce livre-disque, c’est Catherine qui signe les illustrations et David Brunet, la belle réalisation. Un tirage limité et circonstanciel: "Je crois que c’est 8000 exemplaires. C’est une période courte, même si, à mon avis, c’est un album qu’on peut écouter toute l’année! Ça clôture deux ans de tournées. Après la promo et les spectacles, on va pouvoir repartir sur quelque chose de neuf. Et réintégrer enfin notre appartement!" Du nouveau, comme donner un petit frère à son premier album éponyme qui, lui, s’est écoulé autour de 37 000 exemplaires, si la mémoire de la chanteuse est bonne.
À la fin de l’entrevue, la légèreté reprend le dessus: "Il y a quelque chose de beau dans Noël. Je ne sais pas si tu aimes les albums de Noël de Sufjan Stevens. Ça vaut la peine. Il fait des reprises et des vieilles choses, mais aussi des compositions, des affaires malades! Tu écoutes ça et tu vois Noël d’une autre façon." Entre ses propres compos, Tricot y va aussi d’une reprise du traditionnel Pastoureaux, éveillez-vous!
Tricot Machine
Tricot Machine chante et raconte 25 décembre
(Grosse Boîte/Select)
À écouter si vous aimez /
Noël vu à l’envers, les chansons graves et malicieuses, Les peaux de lièvres lorsque chantées