Guide d’achats 2008 : Jazz/Blues/Actuelle
Artistes variés
Miles from India
(Times Square/Fusion3)
Au rayon du "disque en hommage à Miles Davis", ce double CD est absolument (d)étonnant. Sous la gouverne de l’incontournable Bob Belden, d’anciens compagnons d’armes de toutes les périodes de la carrière du Sombre Mage (dont le batteur Jimmy Cobb, le claviériste Chick Corea et le bassiste Marcus Miller) ainsi que son héritier désigné, le trompettiste Wallace Roney, ont donné rendez-vous à des stars de la musique indienne actuelle pour des relectures décapantes d’une douzaine de morceaux de Miles. Le résultat de cette aventure à mi-chemin entre jazz et musiques du monde est dépaysant à souhait et littéralement ensorcelant. (Stanley Péan)
Bettye LaVette & Drive-By Truckers
The Scene of the Crime
(Anti/Epitaph)
Revenue sous les feux de la rampe avec I’ve Got My Own Hell to Raise (2005), après des années d’éclipse, la rescapée du soul classique Bettye LaVette s’est adjoint les membres de la formation southern rock Drive-By Truckers et quelques autres invités de marque pour ce quasi-album-concept portant sur les hauts et les bas de l’existence, les vicissitudes de l’amour et l’instinct de survie. De ces relectures viscérales de chansons d’antan ou des créations originales, rien, absolument rien n’est à jeter. (Stanley Péan)
Michel Donato Trio
Nasturica Donato Gearey
(Fidelio)
C’est qu’il ne ralentit guère, le Donato! À la tête de cet autre trio né l’an passé au Festival de Jazz de Toronto, le contrebassiste revisite des compos antérieures, en propose quelques nouvelles ainsi que deux standards, le tout énoncé avec la classe, la décontraction et l’élégance coutumières de ses complices John Gearey (guitare) et Marin Nasturica (accordéon). (Stanley Péan)
John Zorn
Zaebos – Book of Angels, vol. 11
(Tzadik)
Depuis 1994, c’est le 40e enregistrement d’oeuvres extraites des songbooks de Masada, le projet à travers lequel le compositeur John Zorn retrouve ses racines juives. En 2004, il composait 300 nouvelles mélodies pour en faire le Book of Angels; depuis, 11 volumes présentés par autant d’ensembles très différents sont parus, nous en faisant entendre 123. Ici, c’est le trio Medeski, Martin & Wood qui s’y colle, et qui décolle! Les claviers, la basse et la batterie livrent le tout façon psycho-déjantée ou, à l’occasion, plus sobrement, mais le pouvoir étrange de ces mélodies reste toujours le même. (Réjean Beaucage)
Bernard Falaise
Clic
(Ambiances Magnétiques/DAME)
Deuxième disque solo pour Bernard Falaise (guitare, basse, platine, etc.), qui prouve avec ce nouvel opus toute l’étendue de son talent de compositeur et de producteur. Le musicien semble saluer ici les multiples ensembles avec lesquels il a travaillé ou continue de le faire. On a des réminiscences du rock bien carré de Diésel, mais aussi du rock progressif à la Miriodor ou des explorations sonores à la Klaxon Gueule. Le son y est hyper-soigné et magnifie le travail des acolytes du compositeur (Derome, Freedman, Walsh, le percussionniste Julien Grégoire, etc.). Et en plus, ça groove! (Réjean Beaucage)
Bernard Bonnier
Casse-tête
(Oral)
L’étiquette montréalaise Oral poursuit dans la voie des rééditions d’enregistrements de "pionniers" de l’électroacoustique au Québec en proposant ces enregistrements parus en 1984 (mais qui datent de 1979). Bonnier (1952-1994) fut l’assistant de Pierre Henry au début des années 1970 et on pourra trouver une certaine influence du maître dans le mélange pop-électronique de Bonnier, qui passe encore très bien la rampe aujourd’hui. Heureusement qu’il y en a pour remettre les pendules à l’heure. (Réjean Beaucage)
Willie Nelson & Wynton Marsalis
Two Men with the Blues
(Blue Note/EMI)
Les expériences récentes du docte Wynton Marsalis (comme celle de marier le swing ellingtonien de son Lincoln Jazz Center Orchestra et la musique africaine) laissaient entrevoir chez le trompettiste virtuose un certain desserrement de la cravate. Mais on s’étonne tout de même du bel abandon dont il fait preuve lors de cette rencontre au sommet avec un Willie Nelson plus baba cool que jamais, devant public et autour de quelques incontournables du blues et du swing d’antan. Vraiment, l’album qu’on espérait… mais qu’on n’attendait plus. (Stanley Péan)
Sam Shalabi
Eid
(Alien8)
En arabe, le mot eid signifie "fête", et en langage postmoderne international, il est l’acronyme d’electronic identity. Le troisième album solo de Sam Shalabi se situe exactement dans l’espace séparant ces deux pôles. Lui-même né de parents égyptiens, c’est lors d’un séjour au Caire que Shalabi a eu l’inspiration pour un album de musique pop arabe. Attention, ça reste de la pop à la Shalabi… Très belle production, avec une étonnante profondeur de champ. (Réjean Beaucage)