Guide d'achats 2008 : Pop
Musique

Guide d’achats 2008 : Pop

ANGLO /

MGMT
Oracular Spectacular
(Red Ink/Sony-BMG)

Il y a trois ans, MGMT assurait la première partie d’Of Montreal et on avait eu le coup de foudre pour ce duo artsy brooklynois dont le premier EP marie habilement électro-rock et une pop référencée très catchy. Ajoutant à cette base irréprochable un clin d’oeil aux Stones (Weekend Wars) et aux Bee Gees (Electric Feel), le coup de main du réalisateur des Flaming Lips et l’influence d’Of Montreal qui se ressent dans la touche disco et l’ouverture psychédélique, MGMT propose une galette réussie. (Marie Hélène Poitras)

Santogold
Santogold
(Downtown/WEA)


Diplômée en études afro-américaines, ex-découvreuse de talents pour l’étiquette Epic et ex-chanteuse de la formation punk Stiffed, Santi White, que l’on connaît désormais sous le nom de Santogold, a récemment fait paraître un premier album irréprochable. La native de Philadelphie étale ici ses influences et références: de M.I.A. à Siouxsie, en passant par les Yeah Yeah Yeahs, les Pixies et ESG. Avec de fortes couleurs reggae et punk, ce premier effort est finalement un disque pop franchement moderne, intelligent et original. (Patrick Baillargeon)

The Kills
Midnight Boom
(Domino/Outside)


Sur ce troisième effort du duo The Kills, on retrouve encore une fois tout l’aspect sensuel déjanté et ce contagieux sex-appeal un peu trash que préconise la paire depuis ses débuts. Jamie "Hotel" Hince et Alison "VV" Mosshart arrivent à faire beaucoup avec peu. Une boîte à rythmes, quelques machines et des guitares furieuses et tranchantes sont suffisantes pour l’ex-couple. The Kills réussit à ne pas se répéter d’un disque à l’autre en jouant avec le chaud et le froid, le dur et le doux. (Patrick Baillargeon)

Vampire Weekend
Vampire Weekend
(XL/Beggars/Select)


Hormis son look de petits garçons rangés, Vampire Weekend sort complètement du lot avec un registre sonore beaucoup plus élaboré que la moyenne des groupes indie-whatever. Les influences vont de Paul Simon à The Police, en passant par les Beatles, les Violent Femmes, les Feelies, Peter Gabriel, les Clash, l’afrobeat, le mbalax et le jive sud-africain… Eux nomment ça de l’Upper West Side Soweto; nous, on dirait simplement que c’est de la putain de bonne musique. (Patrick Baillargeon)

Plants and Animals
Parc Avenue
(Secret City/Fusion III)


Comme le révélait Nicolas Basque de Plants and Animals, "Parc Avenue est à l’image de la rue du même nom: éclaté, multiculturel, mêlant toutes sortes d’influences"… Mettant la cérébralité progressive du post-rock, la mélancolie britannique et la nervosité du rock indé au service de compositions folk, épiques et atmosphériques, le combo fait preuve d’ingéniosité et surprend même avec quelques sonorités africaines. Une imagination délirante structurée par une force mélodique indéniable. (Olivier Robillard Laveaux)

Lykke Li
Youth Novels
(LL Recordings/WEA)


Encore une fois, la Suède balance un petit bijou d’électro-pop déglinguée. Elle s’appelle Lykke Li, et Bjorn Yittling – en congé de Peter et de John – l’a prise sous son aile en réalisant cet album. On reconnaît sa signature dans le choix de certains arrangements. Plus légère et catchy qu’El Perro del Mar, Lykke Li a tout de même cette petite moue, cette tristesse au coin de l’oeil et une voix flûtée. Ce qui la distingue: cette candeur pop près des sixties et ce je-ne-sais-quoi de rétro-chic. (Marie Hélène Poitras)

Portishead
Third
(Mercury/Universal)


Dix ans à attendre la fameuse suite au disque éponyme qui, lui, succédait au sublime Dummy, cet album qui a tant bouleversé à sa sortie en 1994. L’attente aura valu la peine. Sur Third, les précurseurs du trip-hop font tout pour ne pas tomber dans la redite. Certes, on reconnaît la très jolie voix de Beth Gibbons, mais elle est ici soutenue par des structures musicales encore plus audacieuses, à la limite de l’expérimental. Les bidouilleurs Geoff Barrows et Adrian Utley poussent les limites un peu plus loin sans pour autant devenir rébarbatifs. (Patrick Baillargeon)

Martha Wainwright
I Know You’re Married But I’ve Got Feelings Too
(Maplemusic)


Avec ce deuxième effort un brin plus pop que son précédent, Martha Wainwright pourrait bien s’imposer comme une incontournable figure folk-rock. La Montréalaise exilée à Brooklyn a fait un usage judicieux des plus grands moyens mis à sa disposition. Sans perdre son edge, elle a peaufiné ce son et cet univers sexy, un peu trouble qui est le sien en faisant appel à trois réalisateurs qui réussissent à bien rendre cet amalgame de romantisme brutal, d’anciennes blessures à demi cicatrisées et de fantômes du passé. (Marie Hélène Poitras)

Liam Finn
I’ll Be Lightning
(Yep Roc/Outside)


Papa Neil et oncle Tim, tous deux de la formation australienne Crowded House, doivent être fiers du jeune Liam Finn qui reprend avec brio le flambeau musical familial. Pour être honnête, cet I’ll Be Lightning correspond en tout point à ce qu’on aurait souhaité du dernier Crowded House, paru en 2007. Liam y ancre une pop fine, descendant des Beatles, dans une modernité assumée. Pour contraster avec sa voix pure et lisse, le musicien n’hésite pas à salir ses pièces d’arrangements plus rock, de subtiles programmations et d’enrobages groovy. (Olivier Robillard Laveaux)

Deerhunter
Microcastle
(Kranky)


Aussi sensuel que sonique, Deerhunter maîtrise l’équilibre entre l’art pop atmosphérique et les assauts de guitare plus discordants, sans toutefois tomber dans un registre extrême. Si le combo évoque quelques légendes (Velvet Underground, Pavement, Sonic Youth, Jesus and Mary Chain), il se démarque par son exécution parfaite et le raffinement de ses lignes mélodiques, que ce soit la basse ou les guitares de la superbe Nothing Ever Happened ou les couplets rêveurs d’Agoraphobia. (Olivier Robillard Laveaux)

Bon Iver
For Emma, Forever Ago
(Jagjaguwar)


Après une rupture difficile avec son ancien groupe, DeYarmond Edison, Bon Iver (alias Justin Vernon) s’est isolé trois mois dans une forêt du Wisconsin pour produire ce petit bijou folk. Il y a exorcisé sa peine, immortalisant neuf chansons intimes et criantes de sincérité. Chantant dans un registre aussi aigu que celui de Neil Young à ses débuts, Justin a doublé, voire triplé ses pistes de chant afin de créer un effet enveloppant. Trottant derrière, sa guitare se veut simple, s’assurant de tenir le rythme et de structurer l’épidémique mélancolie. (Olivier Robillard Laveaux)

Sons & Daughters
This Gift
(Domino/Outside)


Les deux premiers albums des Sons & Daughters laissaient présager de bien belles choses, mais le groupe écossais ne semblait pas trop savoir où se lancer – folk-indie, blues-punk, rock incendiaire? -, ce qui donnait des disques inégaux. Ici, c’est du solide du début à la fin. La voix d’Adele Bethel est bien en avant, les guitares tranchent et lacèrent, la batterie est claire… une réalisation parfaite, au service des chansons. Pour vous situer, pensez au Wall of Sound de Spector, à l’album Lust for Life d’Iggy Pop et David Bowie et aux Revillos/Rezillos. This Gift est un maudit beau cadeau. (Patrick Baillargeon)

The Heavy
Great Vengeance and Furious Fire
(Counter/Ninja Tune)


Originaire de l’Angleterre, The Heavy balance un putain de mélange de soul garage crade couplé à des envolées rock soniques à la Stooges, des percées de funk fuzzé, des beats hip-hop rock et des grooves 60’s R&B. Mené par un chanteur black à la voix très comme il faut et appuyé par un guitariste maniaque, une section rythmique solide et une claviériste-choriste sexy, le groupe a vraiment toutes les chances de s’élever au-dessus du lot. (Patrick Baillargeon)

Jim Noir
Jim Noir
(Barsuk)


Le Britannique Jim Noir poursuit ses relectures de la pop 60’s de brillante façon sur ce deuxième album. Si les références sont plus qu’évidentes, des Beach Boys aux Beatles, en passant par le Pink Floyd de Syd Barrett, les Small Faces, les Kinks et la pop psychédélique américaine, on ne parlera tout de même pas de pastiche. À la manière d’un Beta Band ou des Bees, voire Air quand ces derniers évitent les somnifères, Jim Noir alimente légèrement sa pop d’éléments électroniques, quand il ne choisit pas de rester fidèle au son de ses influences. (Patrick Baillargeon)

Protest the Hero
Fortress
(Underground Operations/Universal)


En 2005, le groupe ontarien était comme une anomalie dans l’univers métal. À peine sorti de l’adolescence, PTH écumait les scènes avec entrain, récoltant parfois les huées d’un public qui ne comprenait pas son métal avant-gardiste. Mieux canalisé que Kezia (2005), Fortress est tout aussi éclaté dans son exploration des univers punk, hardcore et métal progressif. On retient la polyvalence du chanteur Rody Walker, aussi à l’aise avec la voix chantée que les grognements. (Christine Fortier)

Plajia
Beautiful Explosion
(Orange Music/Select)


Plajia propose un premier album anglophone complet, démonstration évidente d’une force créatrice de calibre international. Le trio montréalais met ses pièces en danger pour toujours retomber sur ses pattes, virevoltant entre une pop britannique enjouée et des passages planants progressifs fort bien construits. Jouissant d’une réalisation étoffée, Beautiful Explosion ne brille peut-être pas par son originalité, mais son rock mélodieux s’avère supérieur à celui de nombreux groupes vantés par la presse mondiale. (Olivier Robillard Laveaux)

Gojira
The Way of All Flesh
(Prosthetic Records)


Depuis From Mars to Sirius (2005), tous les yeux sont tournés vers le groupe au death métal titanesque technique et intellectuel. On pensait qu’avec FMTS, Gojira avait atteint son apogée, mais non. La tournée avec Lamb of God et la collaboration de Joe Duplantier au projet Cavalera Conspiracy ont permis à Gojira d’étirer ses tentacules sonores dans de nouvelles directions – tribales dans The Art of Dying et métal dans Adoration for None, à laquelle participe Randy Blythe de Lamb of God. Essentiel. (Christine Fortier)

FRANCO /

Karkwa
Le Volume du vent
(Audiogram/Select)


Karkwa confirme son immense potentiel sur Le Volume du vent, un album plus homogène aux arrangements complexes (piano, violons, xylophone, guitares, percussions). C’est d’ailleurs la grande force du guitariste/chanteur Louis-Jean Cormier et du claviériste François Lafontaine: transformer des mélodies inspirées en d’oniriques crescendos quasi symphoniques. Raffiné, ambitieux, ouvert sur le rock britannique, la musique minimaliste de Steve Reich ou la folk plus fragile de Sufjan Stevens, Karkwa compte parmi les meilleurs groupes de la province. (Olivier Robillard Laveaux)

Chocolat
Piano élégant
(Grosse Boîte/Outside)


Sans délaisser complètement ses origines rock garage à la Stones-Velvet Underground, le combo montréalais mené par Jimmy Hunt pige autant dans la chanson pop franco des années 60-70 que dans les racines roots-country-rock nord-américaines. Charlebois est déjà passé par là et c’est justement à lui, et à d’autres comme Dutronc, Dylan ou Hasil Adkins, que l’on pense en écoutant ce Piano élégant. Jimmy adopte le style "chanteur-crooner pop" avec juste ce qu’il faut de distance pour ne pas tomber dans la caricature, et ses textes, plutôt bien écrits et imagés, dévoilent un personnage à la fois romantique, drôle et inquiétant. (Patrick Baillargeon)

Coeur de Pirate
Coeur de Pirate
(Grosse Boîte/Select)


Porté par un buzz médiatique plus grand que nature, Coeur de Pirate offre un recueil de chansons intimes livrées en toute simplicité. Sans révolutionner le paysage pop québécois, le projet de la pianiste et chanteuse Béatrice Martin atteint sa cible grâce à quelques mélodies empreintes d’une sensibilité contagieuse. Vrai qu’avec un tel engouement, nous aurions aimé sentir un peu plus d’audace, mais les arrangements de David Brunet (cordes, cuivres, percussions) jouent de prudence. En demeure un disque bien ficelé qui place Béatrice non loin d’une Stéphanie Lapointe. (Olivier Robillard Laveaux)

Catherine Major
Rose sang
(Anacrouse)


Catherine Major pratique le grand écart sur ce deuxième album. Elle peut aisément passer du magnifique (Le Piano ivre) au désastreux (Dans l’au-delà). Mais elle sait également s’épanouir avec grâce tant au piano/voix qu’avec les arrangements délicats et riches d’Alex McMahon (Yann Perreau, Plaster), qui a réalisé ce disque. Frêle et puissante, Major sait tout faire. La palette est variée, les textes, bien sentis. (Francis Hébert)

Ariane Moffatt
Tous les sens
(Audiogram/Select)


Meilleur disque d’Ariane Moffatt en carrière, Tous les sens est un album fédérateur qui séduit autant les fans de la première heure que les détracteurs de la chanteuse. Oubliez les ambiances hermétiques parfois mièvres de ses précédents efforts, ce troisième compact respire le bonheur, la légèreté et l’audace. Sans prétention, Ariane ose avec des atmosphères cabaret, des grooves décalés épicés de cuivres burlesques, des atmosphères rock sixties et des enrobages électro plus crus. La Montréalaise n’a jamais paru aussi pertinente. (Olivier Robillard Laveaux)

Catherine Durand
Coeurs migratoires
(Tandem/Select)


La force de Catherine Durand, c’est sa fragilité, ce souffle léger qui se rend doucement à notre oreille. Ce quatrième album, après le splendide folk de Diaporama (2005), ne manque pas de charmes. La voix est toujours câline, les ballades, amoureuses, chaudes, ouatées. Réalisé avec doigté par Jocelyn Tellier (Dumas) avec la collaboration de la chanteuse, ce disque demande un lent apprivoisement qui mène au bonheur calme, serein. (Francis Hébert)

Cali
L’Espoir
(Virgin/EMI/Fusion3)


Cali revient, la rage au ventre, le coeur plein d’espoir. Ce nouvel effort du Perpignanais est un disque de résistance, de révolte, foulard rouge et poing levé. Oui, on retrouve encore ces touchantes chansons d’amours merveilleuses, impossibles, perdues ou blessées, mais cette fois-ci, Cali lâche les chiens et prend fermement position; que ce soit pour les droits des pères, contre le sarkozysme ou en mémoire de son grand-père militant révolutionnaire. Le chanteur français en a long à dire et il le fait avec éloquence et brio. (Patrick Baillargeon)

Alexandre Désilets
Escalader l’ivresse
(Maisonnette)


Voilà qui ravit: enfin du son neuf avec le premier album d’Alexandre Désilets. Au Québec, on n’entend pas souvent une électro-pop aussi fouillée, exaltante et hypnotisante. Pour la France, on pense à Bertrand Burgalat: intelligence, raffinement, modernisme. Un mélange de Radiohead (pour la voix souple de Désilets) et Portishead (pour ses rythmiques tournoyantes). Le jeune artiste est allé chercher Jean Massicotte et Denis Wolff, combo chic, pour fantastiquement produire et arranger le CD. (Francis Hébert)