Human Highway : Trafic humain
Musique

Human Highway : Trafic humain

Nick Thorburn et le Torontois Jim Guthrie unissent leurs belles voix mâles et dressent un pont entre deux époques pour donner vie au duo Human Highway.

Tout a commencé dans une chambre d’hôtel en Arizona. "C’était lors de la première tournée d’Islands, se souvient Nick Thorburn, meneur de ladite formation. Pour réduire l’ennui, y a pas des millions de possibilités. Tu peux boire jusqu’à l’excès, lire, prendre de la drogue… ou essayer d’être créatif. Cette option a commencé à m’intéresser rendu à la moitié de la tournée. Un soir, je me suis mis à gratter ma guitare en sifflotant; Jim (Guthrie) s’en est mêlé, y ajoutant des harmonies vocales. On a décidé d’aller enregistrer cette chanson (My Beach), et c’est ainsi que le projet est né."

Lancé en août dernier sur Secret City (Patrick Watson, Plants and Animals, Miracle Fortress), Moody Motorcycle, du duo Human Highway (un nom inspiré de la chanson de Neil Young tirée de l’album Comes A Time et non pas du film du même nom dans lequel le chanteur canadien a tenu un rôle en 1982), saisit d’abord par ses superbes harmonies de voix masculines trahissant un amour partagé pour les Everly Brothers, Roy Orbison, les Kinks et un désir de dresser un pont jusqu’aux décennies 50-60 sans renier pour autant l’époque actuelle. "Oui, c’est ce qui nous a réunis, ainsi qu’une admiration mutuelle et une approche semblable de la pop. Nos voix s’harmonisent bien, mais l’harmonie va au-delà du sens littéral; il y a quelque chose de fraternel dans le lien qu’on a établi. Je suis aussi un gros fan de la musique de Jim (Islands, Royal City, Mandrills), et c’est moi qui ai insisté pour que notre collaboration aille un peu plus loin que cette simple chanson."

Mais qu’est-ce qui peut bien motiver un musicien déjà passablement occupé ailleurs, ayant oeuvré au sein d’un bon nombre de projets musicaux (The Unicorns, Th’Corn Gangg et Reefer), certains encore actifs et d’autres pas, à se lancer dans une nouvelle aventure et à publier un album quelques mois seulement après la parution d’Arm’s Way, deuxième effort d’Islands? "C’est l’excitation d’avoir quelqu’un de nouveau avec qui échanger des idées musicales, le désir d’expérimenter une chimie différente, d’instaurer un nouveau dialogue. C’est attirant et très nourrissant de découvrir tous ces canaux", explique Nick, qui se renvoie lui-même la balle, ces jours-ci, puisqu’il a commencé à plancher sur un projet solo, autre symptôme d’une étonnante prolificité.

Comment un musicien fait-il pour régénérer ses idées aussi rapidement? "Je sais pas trop, c’est devenu routinier pour moi. J’y suis accro; écrire des chansons est devenu une habitude sans laquelle je deviens anxieux, avec pour résultat que le puits est toujours plein."

S’inscrire dans la durée, comme groupe, ne fait pas partie des préoccupations de l’ex-Montréalais, originaire de Vancouver, récemment déménagé à New York. "Je ne pense jamais à ça. Pour moi, les albums fixent quelque chose du présent. Je ne peux pas dire s’il y aura ou non un autre album de Human Highway. Je l’espère bien mais qui sait?"

À écouter si vous aimez /
Kings of Convenience, Simon & Garfunkel, The Beach Boys