Plume Latraverse : Dans son plus simple appareil
Plume Latraverse arrive à Trois-Rivières les bras chargés de textes truculents. Il les offrira à son public lors d’un spectacle épuré digne des boîtes à chanson d’autrefois.
Joint au téléphone par un matin pluvieux, Plume Latraverse me confirme qu’il n’est pas tellement friand d’entrevues. "Que veux-tu… Ce n’est qu’un dur moment à passer", affirme-t-il sans censure. Sieur Plume a la réputation d’être moins sympathique que Michel Latraverse, celui qui se cache sous le personnage. Il est toutefois difficile de lui en vouloir, car son éloquence compense amplement pour son manque d’entrain en cette journée grise.
Hors-Saisons, disque applaudi par la critique, a vu le jour à la suite d’une série de concerts donnés en 2007. Il y "cassait" ses nouvelles chansons, tout en laissant une place de choix à certains incontournables de son répertoire. La formule intime de ces spectacles en avait séduit plus d’un, car elle mettait l’accent sur ces mots qu’Onc Pluplu manie si bien en bouche. "Ce show est à l’opposé des festivals; j’avais une "festivalite" aiguë. Il fallait que je retouche les planches, un peu comme dans les années 60." Au Théâtre du Cégep de Trois-Rivières, le "grand flanc mou" nous revient donc dans son plus simple appareil, soit en duo, avec une ribambelle de chansons neuves ou d’occasion.
SI LA CHANSON VOUS INTÉRESSE
À l’avant-plan de l’oeuvre de Plume Latraverse, on retrouve ses chansons, mais lors de ses intermèdes musicaux (ses "années sabbatiques"), il s’adonne entre autres à la peinture ainsi qu’à l’écriture de romans (Pas d’admission sans histoire, Striboule…). Serge Gainsbourg, qui affectionnait les arts visuels et la littérature, a déjà dit que la chanson était un art mineur. Pourtant, il était principalement célébré en tant qu’auteur-compositeur. Est-ce que Plume partage cet avis, lui qui est dans la même posture? "C’est n’importe quoi. Pour combattre le temps, pour que ça se passe d’une génération à l’autre, c’est encore la chanson qui est la plus adéquate. En ce qui me concerne, j’ai débuté comme peintre il y a bien longtemps. J’ai fait les beaux-arts. Quand j’ai découvert que je pouvais faire la même chose avec les mots, tout a basculé. Il y a des chansons qui sont des peintures à l’huile, qui prennent du temps à sécher, que tu fais à la spatule, où tu dois beurrer épais… Il y a des chansons qui sont plus en atmosphères, comme si elles étaient des aquarelles. Et il y en a forcément qui touchent plus au domaine de la caricature, qui sont faites à la plume acérée et vive."
Plume a beau accumuler les statuts (chansonnier, fantaisiste…), c’est celui d’auteur-compositeur qu’il chérit d’abord et avant tout. "Si je ne pouvais plus faire de farces, ça ne me dérangerait pas. Continuer d’analyser ce qui se passe autour et d’en faire de petites bulles, c’est ce qui est le plus important."
Alors que l’entrevue prend fin, Plume insiste pour préciser à qui son présent spectacle s’adresse: "Si la chanson vous intéresse, venez au show. Si vous vous attendez à voir un gorille qui saute dans les airs, attendez que la "festivalite" me lâche!" On lui souhaite que son rétablissement ne se fasse pas de sitôt.
À écouter si vous aimez / Stephen Faulkner, Urbain Desbois, Gaston Miron