Frank et le Cosmos : Un semblant de cohérence

Le troisième album de Frank et le Cosmos, L’Appendice des corps célestes, était presque devenu un Chinese Democracy de la région. Il avait fallu attendre trois ans avant sa parution, mais le disque s’était révélé un vrai bijou. Ce dernier est toutefois demeuré un des secrets les mieux gardés. À ce sujet, François Harvey nous fait part de sa théorie tout en grillant une cigarette: "J’ai pas eu de retour des compagnies de disques. J’ai pas eu d’accueil des radios non plus. J’ai fait toutes les démarches, mais il a été mal accueilli par l’industrie. J’ai eu des bons commentaires de pas mal tout le monde que je connais, mais c’est sûr que ceux-là qui n’aiment pas ça, ils t’en parlent pas trop. Mais je pense aussi que ce que les compagnies voulaient, c’était de nous voir faire plusieurs spectacles, mais c’était un show très difficile à voyager à cause du nombre de musiciens et des nombreux éléments qu’il fallait mettre en place. Ce n’était pas de la musique qui passait bien partout. Si tu arrives dans une place que ça jase, ce n’était pas le genre de show que tu t’en fous et que tu brasses."

Frank aurait pu sombrer dans un épisode de découragement extrême, mais heureusement les choses ont tourné tout autrement: "Ça m’a fait chier un bout de temps pis un moment donné, j’ai eu le goût d’enregistrer. J’ai tout oublié la vie sociale pour me plonger dans mon trip de studio intensif durant six mois à peu près."

En a résulté Portrait-robot, un album aux sonorités électro riche en intensité. Par exemple, la chanson Lullabise démarre doucement pour se terminer dans un hiatus rock et mélodique de haut calibre. Frank y va de sa petite explication qui en dit long: "Je voulais faire un album de rock garage, mais ça a fini pas mal plus électro. On voit quand même à la fin un sursaut de rock garage. Mais c’est que le mix ne se faisait pas super. Je voulais créer un semblant de cohérence. Juste pour faciliter l’écoute au complet. C’est plus un disque que tu peux écouter chanson par chanson, plus un disque de iPod."

Portait-robot sera donc lancé le 19 décembre prochain lors d’un 5 à 7 en haut de la librairie Les Bouquinistes. Mais comment expliquer que l’enregistrement de cet album se soit fait en quelques mois seulement? La réponse de Frank ne pourrait être plus claire: "C’est un disque qui est mélangé. C’est un mix de plusieurs facettes de Frank et le Cosmos. Je l’aime bien, mais là, ça fait un petit bout de temps que je l’ai pas écouté. Je voulais m’en détacher un peu. À la fin de l’enregistrement, je me suis mis fou jusqu’au bout pour finalement comme péter une coche. Il faut savoir s’arrêter."

Comme l’album pourra être interprété sur scène avec une équipe plus réduite, il ne nous reste qu’à souhaiter que les spectacles se multiplient et qu’enfin, l’industrie prenne conscience de la créativité unique de Frank et le Cosmos. Le contraire finirait par friser le stupide…

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