Joseph Arthur : L’Arthur nouveau

Joseph Arthur est dans les boîtes. Joint quelques jours avant Noël, l’artiste américain nous explique qu’il s’est vu forcé de fermer sa galerie d’art de Brooklyn jovialement nommée The Museum of Modern Arthur (MOMAR). "On finit de vider le local. Je m’apprête à déménager les dernières toiles." Pour l’instant, Joseph Arthur n’envisage pas de rouvrir à une nouvelle adresse ce lieu consacré à son travail de peintre. "Peut-être que ce n’aura été qu’un court épisode dans le temps. Avec la récession, il est difficile d’imaginer ouvrir une autre galerie. Les gens préfèrent acheter du pain que des oeuvres d’art."

Ce sont ses proprios qui lui ont montré la porte. Il faut comprendre que le MOMAR accueillait non seulement des expositions, mais aussi de nombreuses fêtes… C’est d’ailleurs à cet endroit que le lancement de Temporary People s’est fait l’automne dernier. Ce plus récent disque, Joseph Arthur l’a conçu avec son groupe, The Lonely Astronauts (Kraig Jarret Johnson et Jennifer Turner aux guitares, Greg Wieczorek à la batterie, ainsi que Sibyl Buck à la basse). Reconnu comme l’un des plus inspirants songwriters de sa génération, Joseph Arthur mène habituellement sa carrière en solo, mais il apprécie à l’occasion être épaulé par ses musiciens. En 2007, une première collaboration avait donné l’album Let’s Just Be. "C’était l’expression d’un groupe qui se cherche et qui se trouve, alors que Temporary People est plus structuré, plus abouti."

Influencé par le folk de Dylan et le rock’n’roll des Stones, le son des Lonely Astronauts a été qualifié de rétro par certains critiques, mais il n’en est rien selon le principal intéressé. "C’est drôle, car si tu utilises un drum machine et un synthétiseur, tu es moderne, alors que si tu n’as que des instruments live, soudainement, tu es rétro. Je crois que Temporary People est plutôt moderne. Ce sont des gens modernes qui réagissent de façon moderne à des temps modernes. On a des influences, mais on a un son qui est le nôtre."

LOISIRS ET ABONDANCE

En 2008, Joseph Arthur a fait honneur à sa réputation d’artiste prolifique en proposant pas moins de quatre EP (Could We Survive, Crazy Rain, Vagabond Skies et Foreign Girls). "C’est éclectique, mais les quatre disques forment un tout. Ils se répondent entre eux. C’est une oeuvre à quatre faces." Il se dit perplexe devant les réactions suscitées par ce projet. "On dirait parfois que je dois demander pardon de faire autant de musique. Les gens suspectent que je travaille tout le temps. J’aime ce que je fais. Je passe beaucoup de temps à enregistrer et à écrire, mais tu peux me croire, je sors beaucoup… I hang around a lot, man!"

Soyons donc rassurés, car Joseph Arthur a même du temps pour quelques petits loisirs, dont la confection de son propre jeu de tarot. "J’aime les images et leur côté morbide. Je ne sais pas si je vais le finir, car je suis un peu superstitieux. Chaque fois que quelque chose de mauvais m’arrive, je me dis que c’est parce que je dessine des cartes de tarot. Pour l’instant, je les garde rangées dans le fond de ma garde-robe…"

À écouter si vous aimez /
Bob Dylan, The Rolling Stones, Neil Young & Crazy Horse