The Blue Seeds : Semer à tout vent
Les Blue Seeds sont bien décidés à montrer à tous qu’ils peuvent être aussi intenses sur disque que sur scène.
Les Blue Seeds sont des esthètes. À sa manière, le groupe montréalais s’est créé un univers bien personnel, un monde où le rêve côtoie une certaine mélancolie, où le blues, le folk, le rock sombre et minimal du Velvet Underground viennent croiser le spleen de Portishead. Rien chez les Blue Seeds ne semble avoir été laissé au hasard: la voix pénétrante d’Amélie Laflamme, les guitares limpides de François Dufault et Roger Miron, la basse discrète de Patrick Hamilton et le jeu de batterie simple et efficace de Marc Chartrain… tout ici est livré de manière impeccable. C’est l’impression que nous avons en écoutant leur album éponyme, paru au début du mois de mars 2008. Ce premier disque (en faisant abstraction du mini-album démo de 2004) dévoile donc des musiciens aguerris, capables de maîtriser et de peaufiner les sonorités qu’ils obtiennent.
On retrouve d’ailleurs cet esthétisme sur scène, où le groupe excelle dans l’art, encore plus difficile, de créer une ambiance, c’est-à-dire d’arriver à faire "sonner" ses instruments sans que ça ne dérape, sans abrutir l’auditeur ou le forcer à tendre l’oreille. Ce faisant cependant, la bande néglige l’aspect visuel, ou théâtral, capable de donner ce petit plus et de garder le public captif. C’est le reproche – peut-être le seul – qui a été le plus souvent émis envers les Blue Seeds… qui semblent d’ailleurs en avoir pris bonne note. "Comme on va faire plus de spectacles cette année, c’est un aspect que l’on veut travailler. Maintenant, on a plus de temps pour se consacrer aux concerts et c’est pourquoi on a fait appel à Mathieu Roy (qui a déjà travaillé avec Patrick Watson, Malajube, Karkwa) pour la scénographie, résume François Dufault. On apprend comment monter un spectacle, surtout sur le plan de l’éclairage. Il y aura donc un début de mise en scène pour le concert au Cabaret. Alors, oui, on a pris note des commentaires et on réfléchit à ce qui irait le mieux avec notre style musical. On n’est pas un band punk, donc on ne se mettra pas à se lancer un peu partout sur la scène, mais on va essayer d’être moins statique. On cherche à créer des tableaux pour chaque chanson, à travailler les éclairages et les ambiances musicales entre les chansons également, à passer d’un instrument à l’autre pour créer un certain mouvement… C’est un work in progress qui se développera au cours de l’année, d’autant plus qu’on va s’attaquer au territoire français en 2009."
En plus de travailler l’aspect scénique, le groupe interprétera trois nouvelles chansons lors de son prochain spectacle, dont une enregistrée récemment en Allemagne, au studio Andere Baustelle de Berlin (le studio des Einsturzende Neubauten) avec leur ingénieur du son Boris Wilsdorf (qui a collaboré avec Nick Cave et Nina Hagen). "On a profité de notre passage au dernier Popkomm de Berlin pour se payer une session de studio", précise le guitariste de la formation qui a d’ailleurs enregistré une partie de son premier album en Italie avec le réalisateur américain Dustin O’Halloran (The Devics). "Au premier trimestre 2009, nous allons faire paraître cette chanson inédite en format vinyle, plus un remix d’une chanson de l’album par Kid Loco (avec une pochette illustrée par l’Italienne Francesca Montanari). Ça donnera un avant-goût du prochain album, qui risque d’être… différent!"
À écouter si vous aimez /
Portishead, The Velvet Underground avec Nico, Neko Case