Sam Roberts : D'une victoire à l'autre
Musique

Sam Roberts : D’une victoire à l’autre

Entouré de ses musiciens, Sam Roberts parcourt le pays pour livrer un message d’espoir sur des airs de rock mélodique.

En 2004, ils étaient plusieurs à voir Sam Roberts comme le sauveur du rock canadien alors qu’il remportait quatre trophées Juno dans le sillage de son album We Were Born in a Flame. Toutefois, le Montréalais a décidé qu’il n’y aurait pas de couronnement; il a préféré monter sur les scènes d’un peu partout sur la planète avec sa bande plutôt que de grimper sur un quelconque piédestal.

"Après les Juno, c’était complètement fou", se remémore le musicien, joint à son retour d’une tournée européenne. "Nous n’étions pas habitués à toute cette attention et d’être constamment sous les projecteurs. Notre réaction fut de nous lancer dans les performances, de jouer et de ne pas nous laisser distraire." Cette décision a permis au chanteur d’établir ses priorités. "Pour moi, c’était plus important de faire des shows que de m’asseoir pour réfléchir à ce que je représentais désormais aux yeux des gens. Je préfère être un gars dans un band qu’être une célébrité. J’ai donc misé là-dessus."

L’enregistrement de l’album subséquent, Chemical City, fut un autre chapitre qui a généré plus d’une remise en question. "J’ai beaucoup appris sur comment faire un album, sur l’importance de maintenir ma vision lorsque d’autres personnes veulent s’impliquer. Il faut les éviter tout en conservant la passion et le focus. Après la bataille de Chemical City, tout fut plus clair. Maintenant, on me laisse faire mes choses parce que j’ai gagné la guerre. On fait la musique qui convient à notre band. Ce fut une grande leçon et on a pu en bénéficier pour l’enregistrement de Love at the End of the World."

Ce quatrième et plus récent album, Sam Roberts l’a donc fait dans des conditions favorables, entouré de ses fidèles musiciens. "Ce sont toujours les mêmes gars, les mêmes blokes. On ne change pas souvent le line-up… pas comme les Canadiens." Le Sam Roberts Band comprend Dave Nugent à la guitare, James Hall à la basse, Josh Trager à la batterie et Eric Fares aux claviers. "Sur cet album, c’est vraiment un travail de cinq personnes, explique Sam Roberts. J’écris les chansons seul, mais ce qu’on entend sur le disque et sur scène, c’est le travail d’un groupe."

Composé à Montréal, Love at the end of the World peut facilement être considéré comme le plus "montréalais" des disques de Sam Roberts. "Je me devais d’observer ma ville natale de façon honnête à un certain moment de ma vie. Quand tu écris des chansons, tu vois avec une autre paire d’yeux. Tu vois les mêmes choses, mais d’un autre angle. Ça m’a permis de redéfinir ma relation avec ma ville. Mais à la fin, ce n’est pas juste par rapport à Montréal. Ça concerne tout le monde."

"Ce qui est au coeur de l’album, c’est cette tension entre notre instinct d’autodestruction et celui d’altruisme, d’humanité, d’imagination, d’empathie, d’amour… Il y a toujours quelque chose qui nous dirige vers le précipice, mais il y a aussi des éléments qui nous retiennent." Constat d’échec ou message d’espoir? "J’espère que c’est un message d’espoir, mais il y a toujours dans les paroles la possibilité qu’on ait déjà fait trop de dommages."

Depuis mai dernier, le Sam Roberts Band — un habitué du Bluesfest d’Ottawa – défend ses nouvelles chansons sur son territoire, soit la scène, et ce, sans trop de répit. "Pour nous, c’est la meilleure façon de partager la musique avec les gens. Il y a la radio, la télévision et tout ça, mais on préfère tenir notre destin en main. Sur la scène, les opportunités sont infinies pour faire évoluer les chansons."

Quant au prochain album, tout est encore possible – "Jusqu’à maintenant, j’ai surtout trouvé des rythmes." -, mais ne comptez pas sur Sam Roberts pour s’inspirer des groupes en vogue. "Qu’est-ce que tu veux que je te dise, I’m still stuck on Bob Dylan, man."

À écouter si vous aimez /
The Beatles, The Stills, Bob Dylan