Sébastien Lépine : Musique de neige
Lors du prochain concert de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières, Sébastien Lépine s’aventurera sur un terrain encore vierge: la plus récente composition de Gilles Bellemare.
Ce jour-là, on aurait dit que dame Nature désirait être dans le ton. Le vent soufflait une neige fine alors que le violoncelliste de Trois-Rivières Sébastien Lépine s’attablait pour une entrevue à propos de Contrées nordiques, concert de l’OSTR où il interprétera en première mondiale le Concerto pour violoncelle et orchestre de Gilles Bellemare.
Deuxième concerto composé par l’ancien directeur artistique de l’Orchestre, cette oeuvre a été taillée sur mesure pour Lépine. "L’Orchestre symphonique de Trois-Rivières, il faut lui donner ça: il n’a pas peur de programmer des choses d’avant-garde. Et Gilles a toujours été quelqu’un qui aimait faire des choses différentes. Ça faisait quand même quelques fois que je lui parlais de m’écrire quelque chose. Chaque fois que je rencontre quelqu’un qui écrit bien, je le lui propose presque toujours; il faut essayer de renouveler le répertoire. Un moment donné, il m’a appelé pour me dire qu’il allait m’écrire une pièce." Bellemare, qui restaurait des oeuvres d’André Mathieu depuis un certain temps, réclamait une bouffée d’air frais. "Il sentait le besoin d’écrire quelque chose qui venait de lui. L’idée d’un concerto l’intéressait. Vu que c’était la première fois qu’il écrivait une oeuvre pour solo et orchestre, c’était d’autant plus un challenge pour lui."
Ce défi, Gilles Bellemare l’a relevé en étroite collaboration avec Sébastien Lépine, à qui il a laissé le droit de parole. Au final, cela donne un concerto très lumineux, à des lieues de ce que le musicien pouvait composer autrefois. "C’est très accessible, précise l’interprète. Il y a de très grands moments de romantisme. C’est très libre. Il y a aussi un côté très énergique qui ressemble un peu à du Chostakovitch." Il ajoute que le langage de Gilles Bellemare, qui dévoilait autrefois des affinités avec le genre contemporain, a beaucoup changé, voire mûri. "Et il est en train de l’assumer de plus en plus. Ça donne vraiment quelque chose de très beau."
LE FANTÔME DE MATHIEU?
La musique d’André Mathieu a occupé pendant une longue période l’esprit de Gilles Bellemare. L’influence du célèbre compositeur dans le concerto n’auraient donc rien d’étonnant. Est-ce le cas? "Non, pas du tout. C’est du Gilles Bellemare bien fait! Gilles, pourquoi ça fonctionne tellement bien ses choses – les Brel, Piaf et tout ça -, c’est parce qu’il est un fin orchestrateur. Il connaît tellement bien les instruments de l’orchestre qu’il sait comment faire pour les faire rayonner et que l’orchestre sonne bien, que ce soit efficace." En fait, c’est surtout la sonorité de l’instrument de Sébastien Lépine, un Stradivarius 1699 – "Il en reste 27 dans le monde!" – prêté par la Fondation Canimex, qui a inspiré le compositeur. Sébastien Lépine ne le nie pas, les possibilités que lui offre ce violoncelle sont énormes: "C’est génial, le son! En fait, c’est comme si j’avais 1000 crayons de couleur."
Des oeuvres de Sibelius et de Tchaïkovski compléteront le programme de la soirée, qui mettra aussi en vedette la classe d’orchestre du Conservatoire de musique de Trois-Rivières.