Émilie Proulx : La force tranquille
Musique

Émilie Proulx : La force tranquille

Émilie Proulx nous ouvre la porte et nous donne en spectacle une première impression de son nouvel album.

C’est un préambule, un premier contact avec l’artiste avant la sortie de son premier album complet, La lenteur alentour. Émilie Proulx trépigne d’impatience et se lance d’emblée dans le récit qui expose les grandes lignes de la création de ce disque qui suit sa première production, un EP intitulé Dans une ville, endormie qui nous a charmé par ses textes mélancoliques et envoûtants.

L’auteure-compositrice-interprète a pris le temps de parfaire son art en groupe avant d’accomplir cette nouvelle réalisation qui sortira sur les tablettes le 10 mars. Les choses vont à son rythme et elle a su se familiariser avec une profession qui n’était encore qu’au stade de la découverte pour elle il n’y a pas longtemps.

"J’ai appris à faire abstraction de tout ce qui a suivi la sortie du premier EP, explique-t-elle. Après sa sortie il y a deux ans, j’ai constaté qu’il pouvait y avoir un public pour ce que je fais. Lorsque j’avais proposé ces chansons, j’étais encore plongée dans mon environnement. Je les ai écrites en solitaire et il n’était même pas question que ça sorte de chez moi. Quand tu écris dans ces conditions, ça te donne une liberté encore plus grande. Je tenais à rester en contact avec ce côté de moi de l’époque où je ne faisais ça que pour le fun. Je ne tenais pas à me plonger dans une analyse profonde. Surtout pas à me laisser avaler par l’idée qu’il y aura des gens qui entendront ces nouvelles chansons."

L’interprète semble avoir tissé un environnement propice à sa création. Une valeur fondamentale et non négociable pour elle. Maintenant entourée de musiciens réguliers, elle a conceptualisé avec eux le son de cette nouvelle production. Son travail solitaire a encore une fois emprunté le sentier même qui avait caractérisé ses premières chansons. Elle observe ce qui l’entoure avec une résilience qui lui est propre et insuffle un sentiment d’honnêteté dans ses propos intemporels. Le cirque a lieu autour d’elle et son âme tranquille trouve les moyens de l’illustrer avec le titre Perdue entre la certitude et la nage synchronisée dans le doute.

"J’écris lentement, ça, je l’avoue. J’ai besoin de réfléchir avant de développer un sujet et de l’illustrer. J’accumule des réflexions, sans nécessairement me discipliner à les résoudre immédiatement. Je me ramasse avec des petits bouts de textes qui s’accumulent un peu partout. Ce sont des parcelles de vie, des images qui sont inspirées par ce qui m’entoure: les gens que je fréquente. Sans me faire porte-parole de ma génération, je remarque que certaines choses nous distinguent des autres. Pour en arriver là, et pour trouver une façon juste d’en parler, il faut vivre avec le monde. Il faut y mettre le temps."

Avec ses complices Nicolas Grou, Antoine Marquis et Mathieu Deschenaux, la facture acoustique à laquelle elle nous avait habitués prend une autre forme et puise un peu plus dans le roots. Sa voix confère à son répertoire une dimension aérienne qu’elle semble apprécier de plus en plus. "Ça se transforme petit à petit, constate-t-elle. Je vois ça comme un processus et j’y fais mon chemin."

À écouter si vous aimez /
Mara Tremblay, Cat Power, Joni Mitchell