Franz Ferdinand : Ce soir on danse
Franz Ferdinand rebondit avec Tonight: Franz Ferdinand, un disque sautillant qui sollicite le bassin et les hanches. Conversation avec deux de ses principaux artisans.
Ce qui ressort, à la première écoute de Tonight: Franz Ferdinand, c’est l’omniprésence de la basse, pleine et chaleureuse, mixée bien à l’avant, qui porte les chansons et déclenche chez l’auditeur un réflexe neuromoteur vieux comme le monde: soudain, notre pied bat la mesure et il ne faudrait pas grand-chose pour que l’impulsion fasse réagir le corps entier. La basse, donc, instrument-vedette de cet album agité. "Ce n’est pas de ma faute, lance à la blague Bob Hardy, bassiste de Franz Ferdinand. Le disque a été mixé comme ça." Mais encore? En insistant un peu, on apprendra que plusieurs de ces lignes de basse ont été rendues par les synthés – on y reviendra plus loin – et que notre Bob a changé sa façon de tâter son instrument. "Tu as joué pas mal avec le pouce, non? fait remarquer le guitariste et claviériste Nick McCarthy. Dan (Carey), notre producteur, disait que ça lui rappelait Sly & Robbie. D’ailleurs, c’est Sly ou Robbie qui joue de la basse? J’oublie toujours [rires]…"
12 décembre 2008. Franz Ferdinand, en pleine opération charme, se pose à Montréal le temps d’une chanson. Le groupe est venu discuter de son tout nouvel album, qui paraîtra (enfin) le 27 janvier, et casser quelques titres flambant neufs sur scène. Facétieux et allumés, comme en attestent ces propos rapportés, les musiciens prenaient visiblement plaisir à retracer la genèse de leur troisième disque.
Après You Could Have It So Much Better, collection de chansons au gabarit assez carré, ce nouvel opus fait plutôt dans la rondeur, bien qu’il ne soit pas entièrement dénué d’aspérités. Plus texturé, moins immédiat, il se laisse désirer. Le tempo médian, caractérisant une bonne moitié des titres, a quelque chose d’indéniablement sensuel. La facture d’ensemble, nous avouent les musiciens, possède une "couleur nocturne" très forte – bleu nuit? "C’est probablement pour ça qu’on a intitulé le disque Tonight", dit simplement Bob Hardy.
ENVIRONNEMENT CONTRÔLÉ
Installé dans un vieil édifice qu’il avait loué, Franz Ferdinand a pu travailler à son rythme sans trop se soucier des contraintes extérieures. "C’est un immeuble qui ne servait plus depuis une vingtaine d’années, explique Nick McCarthy. L’acoustique était excellente. Pendant l’enregistrement, on se déplaçait d’une pièce à l’autre, utilisant de longs, longs fils. On captait le refrain dans telle pièce, le couplet dans l’autre, et ainsi de suite."
Dans sa quête de sonorités originales, le groupe s’est par ailleurs tourné vers de vénérables spécimens de synthés qu’il a dénichés sur… eBay. "Ces vieux synthés seventies ont une personnalité propre, des sons qui se distinguent de ceux générés par des logiciels. Ils sont imparfaits, on les entend parfois crépiter", raconte McCarthy.
"Ces instruments constituent des outils supplémentaires pour étoffer notre paysage musical", poursuit Bob Hardy. L’arsenal du groupe inclut également divers drum machines. Ici et là, on peut aussi repérer des boucles et des échantillons rythmiques. Pour la première fois, Franz Ferdinand s’est essayé à jouer live par-dessus des beats préfabriqués. "Souvent, on prend une section de chanson et on la joue en boucle, jusqu’à ce qu’on soit satisfaits, explique Bob Hardy. Arrive un moment où on sait, en se regardant, que ça y est."
Et sur scène, alors, ces sons nouveaux se traduiront comment? "Avec difficulté, répond Nick McCarthy en s’esclaffant. Ces vieilles machines ne sont pas toujours fiables, c’est pourquoi je cherche toujours des pièces de rechange. Depuis une panne survenue sur scène lors d’un festival quelque part au Tennessee, j’ai échantillonné certains claviers, ça simplifie grandement les choses." Un musicien averti en vaut deux…
Franz Ferdinand
Tonight: Franz Ferdinand
(Domino/Sony)
En magasin le 27 janvier
À écouter si vous aimez /
Les premiers disques de Franz Ferdinand, la pop dansante, les claviers des années 70