René Richard Cyr : Depuis la nuit des temps
Musique

René Richard Cyr : Depuis la nuit des temps

Après The Turn of the Screw, en 2006, et Don Giovanni, en 2007, René Richard Cyr s’attaque au Macbeth de Verdi. On parle avec lui de la soif de pouvoir et de la triste éternité de la tyrannie.

Créé à Florence, au Teatro della Pergola, le 14 mars 1847, Macbeth, l’un des premiers opéras de Giuseppe Verdi (1813-1901), juxtapose savamment les trames fantastique et politique. Les spécialistes s’entendent pour dire que le compositeur et son librettiste Francesco Maria Piave ont brillamment réussi à traduire les hallucinations macabres, mais aussi terriblement tragiques, du grand Shakespeare, dramaturge avec lequel Verdi renouera ensuite pour donner Otello (1887) et Falstaff (1893).

La dernière fois que Macbeth a été monté à l’Opéra de Montréal, c’était en 1995. Il faut dire que l’opéra en quatre actes est coûteux, notamment parce qu’il nécessite la présence d’un large choeur. Ces jours-ci, René Richard Cyr livre sa lecture bien personnelle de l’oeuvre, un spectacle coproduit avec Opera Australia, ce qui signifie qu’après Montréal, le travail intangible du metteur en scène, le décor de Claude Goyette, les costumes de François St-Aubin et les éclairages d’Étienne Boucher visiteront Melbourne et Sydney. Quel bonheur de savoir que le travail de certains de nos plus talentueux créateurs va rayonner de la sorte!

Pour Cyr, visiblement passionné d’opéra, se mesurer à Macbeth est un rêve devenu réalité, une expérience délicieusement vertigineuse. "Lady Macbeth est un personnage extraordinaire, lance-t-il avec conviction. Elle est la source d’une tragédie intime et collective. Parce qu’elle ne s’aime pas, qu’elle n’est pas devenue la princesse que sa mère lui avait dit qu’elle deviendrait, il y a des tas de victimes, des tas de gens qui souffrent."

Puis, du même souffle, l’artiste ajoute: "Pour moi, c’est la même situation qu’avec le couple Ceausescu. C’est pourquoi j’ai eu l’envie de situer le spectacle dans une Roumanie des années 80, qui ressemble un peu au Québec des années 40. En fait, j’ai délibérément voulu faire un spectacle bâtard. La robe d’époque côtoie celle de la "guidoune" du boulevard Saint-Laurent, tout cela avec une inspiration un peu Europe de l’Est. Au final, ça exprime la triste éternité de la tyrannie."

Pour Cyr, le contexte de création, la méthode et le temps imparti sont de vrais défis. "En cinq jours, j’ai placé la première heure et demie du spectacle. Je vous rappelle qu’ils sont plus ou moins 80 sur scène! Il y a les personnages principaux, mais aussi le choeur, les sorcières, les messagers du roi, les proscrits, les meurtriers… Ce sont vraiment des modalités de production incroyables. Ça demande une préparation immense. Pour moi, c’est carrément un autre monde!"

Alors que la soprano canadienne Michele Capalbo interprète Lady Macbeth pour une deuxième fois en carrière, le baryton canadien John Fanning se glisse pour la première fois dans les habits de Macbeth. Le ténor Roger Honeywell incarne Macduff, le baryton-basse Brian McIntosh, Banquo, le ténor Luc Robert, Malcolm, le baryton-basse Alexandre Sylvestre, un docteur, et la mezzo-soprano Mireille Lebel, une servante. Le chef américain Stephen Lord dirige l’Orchestre symphonique de Montréal et le Choeur de l’Opéra de Montréal.

Consultez la page de l’Opéra de Montréal au www.voir.ca/operademontreal.