Beast : La bête sort de sa ruche
Quelques mois après la sortie de son premier album, Beast s’apprête à propager sa rage trip-rock sur les planches. Des concerts où les clichés sont proscrits.
Paru l’automne dernier, le premier album éponyme de Beast est débarqué dans le paysage musical québécois avec la lourdeur d’une invasion militaire. Tels les pas des soldats, les rythmes hypnotiques du batteur, compositeur et réalisateur Jean-Phi Goncalves témoignent d’une tension renforcée par les explosions de distorsions et l’urgence sentie dans la voix enveloppante de la chanteuse Betty Bonifassi.
Croisement entre la densité du trip-hop et la force de frappe de Rage Against The Machine, le compact des Montréalais s’inscrit dans un registre encore peu défriché, le trip-rock. "Je vois notre métissage comme une union parfaite entre la personnalité de Betty et la mienne", commente Jean-Phi Goncalves. "Tous deux, nous aimons les musiques coup-de-poing et les caresses. C’est pour ça que je travaille avec Betty. Sa voix est à la fois imposante et grandiose. Je ne vois aucune autre chanteuse qui excelle autant dans un registre agressif tout en conservant une féminité plus fignolée."
Or, après avoir vu son album propulsé sur la page d’accueil de la boutique en ligne iTunes au Canada, aux États-Unis, en Australie, en France et en Angleterre (pour ne nommer que quelques pays), le groupe doit maintenant transposer ses pièces sur scène lors d’une tournée québécoise de sept représentations qui sera suivie d’un périple à travers le Canada. "Nous voulons prendre le temps de placer nos idées, développer nos ambiances en évitant de tomber dans les habituels éclairages et cette atmosphère de party qui se dégage souvent d’un spectacle rock", explique Betty Bonifassi. "Puisque notre musique est assez imagée et influencée par les trames sonores, nous souhaitons insister sur les émotions exprimées par nos compositions."
Pour ce faire, le duo, accompagné sur scène du bassiste Jonathan Dauphinais et du guitariste Serge Nakauchi Pelletier (Pawa Up First), a recours aux services de mise en scène de Brigitte Poupart, comédienne, membre des Zapartistes, cofondatrice de la compagnie théâtrale Transthéâtre et avec qui Betty a travaillé pour le spectacle Un jour où l’autre. "Avec son expérience en art dramatique, elle nous permet de développer des atmosphères à la manière de Sergio Leone, compare la chanteuse. En reprenant la technique du ralenti, tout se dessine tranquillement, mais le rythme est assez soutenu pour ne pas perdre l’attention du spectateur."
Musiciens fort occupés, Jean-Phi Goncalves et Betty Bonifassi devront donc mettre leurs nombreux projets parallèles de côté pour réserver leur agenda à Beast. Un mal pour un bien, selon Jean-Phi. "Si travailler avec plusieurs personnes sur différents projets t’amène à rester vif mentalement et à développer ta polyvalence, mettre toutes tes énergies dans un seul groupe te permet d’aller au bout de tes idées, de pousser davantage la création." Et c’est ce que Beast s’apprête à faire sur scène.
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C.V. BEAST
Membre de Plaster, Jean-Phi Goncalves a collaboré avec de nombreux artistes (Lauryn Hill [Fugees], Ariane Moffatt, Pierre Lapointe, Daniel Bélanger) avant de fonder Beast en 2007 avec Betty Bonifassi (ancienne voix de DJ Champion et des Triplettes de Belleville). Les deux musiciens ont notamment appris à se connaître lors d’une tournée où Champion et Plaster partageaient l’affiche. L’idée d’une rencontre entre leurs deux univers s’est vite concrétisée. Est alors née la pièce Devil, un rap apocalyptique musclé qui a jeté les bases musicales de Beast. Remarqué dès son premier concert donné dans le cadre du gala MIMI en 2008, le groupe a lancé son premier album en novembre dernier sous l’étiquette Pheromone, une sous-branche de la maison de disques torontoise Maple Music distribuée par Universal Music Canada.