Mara Tremblay : Simplement Femme
Musique

Mara Tremblay : Simplement Femme

Mara Tremblay se réinvente sur Tu m’intimides, un quatrième album dont l’audace se ressent jusque sur la pochette, où la chanteuse pose en costume d’Ève.

Les magasins Wal-Mart de la province ont bien failli refuser de vendre le nouveau disque de Mara Tremblay. Si la chaîne américaine a fini par accepter le gravé dans ses présentoirs, en revanche, aucune affiche promotionnelle ne sera tolérée. Pourtant, avec son traitement noir et blanc et les longs cheveux de Mara qui recouvrent stratégiquement une partie de ses seins, la couverture de Tu m’intimides s’inscrit dans une pensée plus artistique que provocatrice. Après s’être cachée dans l’ombre pour contempler les nouvelles lunes, la musicienne se dévoile sans pudeur, affichant tout de même un regard frondeur, contraste souhaité avec le titre de ce quatrième album.

"J’ai décidé de m’assumer en tant que femme, confie Mara Tremblay. J’étais une mère, une musicienne, mais à l’intérieur, je n’étais pas une femme. Puis, en deux mois sont décédées ma mère et ma grand-mère, les deux figures féminines importantes de ma vie. Ça a remué quelque chose en moi. J’ai finalement appris à m’aimer. À 38 ans, je ne me suis jamais sentie aussi belle. Me voilà capable d’une telle couverture d’album."

Ce vent de changement a soufflé si fort sur la vie de Mara qu’il eut raison de sa relation avec l’homme derrière le bonheur des Nouvelles Lunes. Et dans la tourmente, inutile de résister, le typhon l’a vite propulsée dans les bras du musicien Antoine Gratton, son prince des temps modernes. Transparente, l’auteure-compositrice-interprète aborde cette remise en question dans la fragile Devant l’orage. "J’étais seule dans ma cuisine. Les enfants étaient couchés et mon copain était absent. Je venais de rencontrer Antoine, et ça m’a frappée d’un coup. J’arrivais enfin à mettre des mots sur ce qui se passait dans ma tête. C’était comme si je venais de comprendre ce qui m’arrivait. J’ai enregistré la chanson sur-le-champ, avec le micro de mon ordinateur. On peut d’ailleurs entendre un orage en arrière-plan puisque ma porte était ouverte. J’ai envoyé la chanson à Antoine, et nos vies ont changé. La même version se retrouve sur l’album. Ça ne donnait rien de la réenregistrer, l’émotion et la magie étaient là."

Gorgé de distorsions feutrées, de batteries groovantes et de sonorités oniriques aux accents psychédéliques, Tu m’intimides permet à la chanteuse de surprendre, de se réinventer avec panache. Autre changement majeur, cette absence de violon qui caractérisait pourtant le répertoire de l’artiste. "À l’époque de mes premiers albums, c’était moins tendance, mais aujourd’hui, il y a du violon partout. J’ai fait une overdose de violon. Je voulais aller ailleurs." Seule la pièce-titre laisse une place à l’instrument rouge vin, mais encore là, le passage n’a pas été composé par la violoniste, mais par Antoine, son Antoine.

Mara Tremblay
Tu m’intimides
(Audiogram/Select)

À écouter si vous aimez /
Charlotte Gainsbourg, Fred Fortin, Blonde Redhead