Marie-Josée Lord : Perle rare
Musique

Marie-Josée Lord : Perle rare

En marge des grandes productions où elle brille de tous ses feux, la soprano québécoise Marie-Josée Lord promène depuis quelques mois un récital qui vulgarise l’art lyrique auprès du grand public. On discute avec elle de ce spectacle intitulé Bouillon.

Au cours des six dernières années, la carrière de Marie-Josée Lord n’a cessé de prendre de l’ampleur. Elle a été Liù dans Turandot, Mimi dans La Bohème, Laoula dans L’Étoile, Suor Angelica dans l’opéra du même nom et, bien sûr, Marie-Jeanne dans la version opéra de Starmania, une production de l’Opéra de Québec et de l’Opéra de Montréal qui prendra l’affiche de la Salle Wilfrid-Pelletier de la PdA en mars 2009. Histoire de diversifier ses manières de rencontrer le public, en plus d’offrir la musique classique et l’art lyrique à des gens qui sont néophytes en la matière, la talentueuse soprano propose depuis septembre 2008, un peu partout au Québec, un récital de 90 minutes intitulé Bouillon. Avec elle sur scène, le pianiste Stéphane Aubin et le violoniste François Pilon.

"Les récitals que j’ai faits jusqu’à maintenant, c’était pour un public assez spécialisé, explique la soprano d’origine haïtienne. En préparant un spectacle pour la Salle Edwin-Bélanger, à Montmagny, un endroit où se produisent des chanteurs populaires et des humoristes, j’ai été confrontée à un autre circuit, je me suis rendu compte que le classique n’est pas le bienvenu, ou plutôt qu’il n’est pas le bienvenu de la manière dont on le fait habituellement."

Puis, en réfléchissant au succès de la version opéra de la comédie musicale Starmania auprès du grand public, Marie-Josée Lord a tiré des conclusions. "J’ai réalisé que ce n’est pas tant à l’opéra ou à l’art lyrique que les gens sont rébarbatifs, mais plutôt au contenu, au choix des pièces, à l’absence de références. Il fallait donc que je crée quelque chose qui allait permettre aux gens d’écouter d’une façon décontractée, un programme qui soit divertissant et émouvant."

Vous aurez compris que Bouillon n’est pas un récital classique comme les autres. La diva intouchable, juchée sur son piédestal, ce n’est manifestement pas pour Marie-Josée Lord. "J’ai enlevé le côté très protocolaire de la chose, explique-t-elle. Sans sortir de mon créneau, sans faire un pied de nez à mon art, j’ai choisi un répertoire qui sort de la norme, un répertoire hétéroclite qui mélange Bizet, Plamondon et Vigneault. En fait, j’ai choisi ce que j’avais envie de chanter et qui se chantait dans ma voix."

Pour obtenir plus de nuances, la chanteuse est accompagnée de non pas un mais bien deux musiciens. Pour adapter l’ambiance à chaque pièce, elle a fait appel aux services d’un éclairagiste. Et pour créer une interaction avec les spectateurs, elle a choisi de s’adresser directement à son public entre les morceaux. "Je ne veux pas que les gens aient l’impression d’avoir contemplé un tableau, mais qu’ils aient vraiment participé à la création du tout, qu’ils sentent que j’ai tenu compte d’eux!"

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SAVOUREUX BOUILLON

À en croire la principale intéressée, glisser ces récitals dans l’horaire d’une chanteuse d’opéra de plus en plus prisée est une chose non seulement possible mais bénéfique. "C’est très agréable, lance-t-elle. Ça m’a permis de pousser mon côté créateur, un côté qui n’est pas toujours très vivant quand je suis dans une grande production." Jusqu’ici, il semble que les réactions au récital soient plus que bonnes. "Ça m’a prise par surprise, lance la soprano. Les gens sortent de la salle stupéfaits, ébahis, contents, revigorés. C’est venu me confirmer que c’est une formule gagnante, qu’il y a un véritable besoin pour ce genre de récital qui sort des normes." Mais pourquoi ce titre intrigant, Bouillon? "Le titre est venu après, explique Lord. J’ai regardé la liste des pièces que j’avais choisies et je me suis demandé comment donner un titre à tout ça. Puis ça a cliqué! Bouillon! Je suis allée voir dans un livre de cuisine antillaise et j’ai trouvé une description qui correspondait tout à fait à mon programme. Je ne voulais surtout pas un titre du genre De Carmen à Vigneault! Je voulais un titre qui sorte de l’ordinaire, je voulais que ma personnalité ressorte. Je veux que les gens sachent que sous la chanteuse classique, il y a Marie-Josée, un individu avec des idées, une façon de penser qui est bien à elle! Autrement dit, l’os qui se trouve dans le bouillon, c’est moi!"