Swing : Les arnaqueurs

Le chanteur Michel Bénac et le violoniste Jean-Philippe Goulet lançaient, fin 2007, l’album Tradarnac, qui allait marquer un tournant dans l’existence du groupe Swing. Délaissant les chansons à répondre, ils "arnaquent toujours la musique traditionnelle" en la mariant avec la pop, le rock, l’électro, le hip-hop et un soupçon de country. Les textes vont plus en profondeur et témoignent d’une nouvelle maturité. "Rebaigner dans l’insécurité de présenter du nouveau matériel a été très bénéfique pour créer, pour se redécouvrir, pour performer. J’étais quand même réticent quand on a lancé l’album, inquiet de la réception du public… Mais on a décidé de s’assumer et de demander: "Embarquez-vous avec nous autres?" Et finalement, le train est plein", se réjouit Michel Bénac. Leur franc-parler leur a toutefois valu un petit scandale linguistique en 2008. Des médias étudiant la liste d’invités à la fête du Canada dans la capitale fédérale n’auraient pas apprécié une phrase de la pièce One Day – empruntée au film Slap Shot – où Swing se moque des anglophones, bien que l’ensemble de la chanson en fasse tout autant à l’égard des Québécois et des Franco-Ontariens. Scandale, on les qualifie alors d’"english haters" en page frontispice de quelques quotidiens anglos du pays. La tempête est maintenant derrière eux, de même que le concert du 1er juillet, qui fut somme toute une réussite.

Du reste, le duo dresse un bilan positif de l’année 2008. Ayant multiplié les apparitions télé de même que les concerts (près de 80); surfé sur le palmarès pop-rock avec la pièce Encore une fois; récolté une nomination aux Prix de musique folk canadienne; participé au DVD spécial de Michel Barrette avec un remix du Temps d’une dinde: les deux potes ont pu profiter de la belle vague.

Et l’année 2009 commence avec pas moins de sept nominations au cinquième Gala des prix Trille Or, qui récompensent la musique et la chanson en Ontario français. Mis à part les prestigieuses catégories Meilleur groupe, Meilleur album, Meilleur spectacle et Groupe franco-ontarien s’étant le plus illustré à l’extérieur, Swing a aussi récolté des nominations pour Meilleur site Web et Meilleur vidéoclip. Des facettes de leur métier sur lesquelles les boys ne lésinent pas. Leur site Web est interactif et dynamique – Michel et Jean-Philippe introduisent chacune de leurs pages avec un humour frôlant l’absurde. Le clip Encore une fois, tourné par la maison de production NúFilms, semble tout droit sorti d’un épisode de 24. "On a voulu montrer les racines "Bon cop, bad cop" du band. Il y a plein de paradoxes dans Swing: la cohabitation d’un Franco-Ontarien avec un Québécois, le chanteur et le violoniste, le trad et la musique urbaine… On s’est amusés avec ça."

Swing met les derniers préparatifs au spectacle de tournée qu’il veut destiner spécialement aux salles. "On est reconnus comme un band de festivals, mais la chimie diffère en salle. On va aller fouiller dans le monde de Tradarnac et inviter les gens à vivre un road trip avec nous. Ce sera un spectacle interactif, où on va dévoiler un peu plus qui nous sommes, aller plus en profondeur", laisse planer le chanteur. Un DJ les accompagnera sur scène, se laissant aller à quelques pas de bboying à l’occasion.

Il n’y a pas à dire, le succès colle à la peau de Swing, de même qu’une horde de fans qui suit le duo depuis les débuts, il y a de cela presque 10 ans. En regardant dans la lorgnette de l’année à venir, Michel Bénac caresse le projet de réaliser un grand concert pour souligner le 10e anniversaire de Swing, avec un ensemble de musiciens et des artistes invités. "Il me semble que la van de tournée n’est pas si vieille que ça. Il me semble qu’on n’a pas tant de millage que ça dans nos runnings, mais on commence à réaliser à quel point c’est vrai. En 1999, Swing sortait La Chanson s@crée, ça fait 10 ans qu’on tourne!" s’étonne-t-il encore.

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