The Dears : Après la tempête
Musique

The Dears : Après la tempête

The Dears refont surface à Québec et nous présentent Missiles. Murray Lightburn réfléchit sur la genèse de cette production.

Le leader de la formation The Dears savoure les derniers jours de répit qui lui restent avant de reprendre la route à la fin du mois. Des jours heureux, qui semblent lui faire le plus grand bien après une année tumultueuse et bien remplie. Le chanteur s’amuse et coupe court à toute spéculation en me posant une simple question: "Alors, vous n’êtes pas trop déçus, à Québec, qu’il n’y ait plus de francophones dans le groupe?" Une réalité qu’il évoque maintenant avec humour, après la mutation survenue au sein de la formation montréalaise lors du départ soudain de la presque totalité de ses membres.

Murray Lightburn semble satisfait de la réception qu’a connue leur dernier disque, Missiles. Le chanteur et guitariste a trouvé le temps d’assimiler les grandes lignes de sa création, qui s’est déroulée dans l’adversité. Lui-même décrit l’état psychique de ce travail comme de la pure folie, aux limites de la dépression nerveuse. "Ce groupe a toujours bien travaillé dans ces conditions, constate-t-il. On pourrait rechercher une zone de confort. La nôtre se situe plutôt dans l’instabilité et le doute. Je ne pourrais pas faire la différence entre travailler sous pression ou sans. J’imagine qu’au départ, on se l’impose nous-mêmes. Comment faire pour changer ça?"

Méthodique et complexe dans sa structure, ce dernier opus se distingue en tous points du précédent album Gang of Losers. L’artiste souligne ses affinités avec No Cities Left et l’intensité qui s’est conjuguée à l’ensemble du processus. "Il y a une part d’expérience dans la création. On bâtit une grille d’expression dans laquelle on peut amener à son paroxysme une musique bien définie. Il faut se garder une liberté, composer gratuitement avec certains éléments pour maîtriser un style. Comme, par exemple, intégrer ceci à la Beatles, cela à la Fleetwood Mac ou encore à la Dire Straits… Tu prends tous ces éléments et tu te retrouves devant une chanson comme Dream Job."

De simples clichés musicaux avec lesquels le principal compositeur du groupe semble vouloir s’amuser sans réserve. Comme pour la chanson Crisis 1 & 2, qui se métamorphose dans sa structure, au départ linéaire, pour devenir un gospel libérateur. Des contrastes que l’artiste conduit à un point de rupture.

Canalisateur de talent, Murray Lightburn s’est permis de rappeler son ancien complice des dernières années en studio, le guitariste Patrick Krief. Un moment de grâce immortalisé sur le disque. "Nous sommes restés en contact. Il avait de la difficulté avec certaines pièces pour son projet solo. Je lui ai proposé un marché: je t’aide de mon mieux et toi tu viens me faire un solo sur Lights Off. Il est venu chez moi, nous avons bu plusieurs bières et beaucoup de scotch… J’avais en tête un solo où Jimmy Page rencontrerait B.B. King. Patrick a fait un essai et c’était en boîte. Je n’oublierai jamais cette soirée. Nous aurions pu couper dans la chanson pour qu’elle soit moins longue… Et puis je me suis dit: "Fuck it! C’est un moment précieux et magique.""

À écouter si vous aimez /
The Walkmen, The Smiths, Tindersticks