Macbeth : Les deux pieds sur terre
Musique

Macbeth : Les deux pieds sur terre

Tragique, certes, le destin de Macbeth ne tire pas vraiment les larmes ces jours-ci à l’Opéra de Montréal. Cette goutte, sur ma joue, c’est de la sueur…

Vous trouvez qu’il fait froid ces jours-ci? Allez à l’opéra! Il n’y a rien comme une salle surchauffée pour apprécier un bon gros drame shakespearien bien lourd! Sans blague, il faudrait quand même régler la température à Wilfrid-Pelletier! Enfin, quand je parle de "drame bien lourd", c’est que, bien sûr, Macbeth n’est pas un opéra bouffe; on ne se contente pas ici de mourir à la fin. Mais il y a aussi une certaine lourdeur dans la mise en scène de René Richard Cyr, un statisme qui colle les protagonistes au plancher comme s’ils étaient en récital. Seul le choeur des sorcières, devenu ici une tribu de filles de joie, arrive à mettre un peu d’action sur ce plateau. Mais bon, c’est Macbeth, on ne va pas là pour s’amuser.

Évidemment, on ne s’attend pas à voir Macbeth (John Fanning, baryton) et sa dame comploter leurs assassinats en dansant la java, mais on a trop souvent l’impression que les personnages nous racontent l’histoire, plutôt que de la vivre devant nous. Il est certain, sur ce point, que Verdi y est aussi pour quelque chose, et si les personnages chantent beaucoup, c’est souvent seuls, ou en duo (et peut-on dire ici qu’il y a quand même peu de choses qui soient moins dynamiques que le duo d’un baryton et d’une basse?). Heureusement, il y a Lady Macbeth, à qui le compositeur a confié une partition très difficile. La soprano Michele Capalbo s’attire d’ailleurs dans le rôle quelques salves d’applaudissements bien méritées. Celui qui aura le plus de "bravos!" cependant, c’est le ténor (évidemment!) Roger Honeywell (Macduff), au quatrième acte ("O! Figli miei…").

Le décor unique de cette nouvelle production est bien servi par les éclairages, qui le transforment assez pour que notre imagination fasse le reste quand on passe de la forêt à la salle de banquet. Cette forêt, d’ailleurs, qui envahit lentement le plateau, est plus convaincante que les chicots derrière lesquels se camouflent les soldats pour préparer la mort de l’usurpateur. L’OSM sonne superbement sous la direction de l’Américain Stephen Lord.

Consultez la page de l’Opéra de Montréal au www.voir.ca/operademontreal