Pacifika : Trip à trois

La belle Silvana Kane a grandi à Lima, en plein soleil, en contemplant le Pacifique infini. Mais son père, alors vendeur de matériel médical, a vécu avec elle un an à Ottawa, lorsqu’elle était encore enfant. La petite Sud-Américaine en a profité pour apprendre l’anglais et un peu le français… qu’elle parle encore en fronçant parfois les sourcils pour chercher les mots évanouis. Avec l’espagnol de son pays natal, la chanteuse prétend d’ailleurs ne jamais savoir en quelle langue va venir la prochaine chanson. "Mes parents ont quitté finalement le Pérou pour le Canada afin de se trouver du travail. Mais ils ont choisi la Colombie-Britannique, évidemment, parce que c’était le climat le plus chaud."

À 14 ans, Silvana et la famille arrivent donc à Vancouver. Tout le monde joue de la musique à la maison: maman, papa, les soeurs font chant, guitare, piano ou violoncelle. Passionnée de danse et de flamenco, la jolie Péruvienne est convoitée comme modèle à cause de son allure. Mais elle rencontre Adam Popowitz, un guitariste et trafiquant de sons, mordu de rock électronique. Ils vont devenir inséparables. Plus tard, Toby Peter se joint à eux et ça clique tout de suite. Il a un look d’enfer, sa famille est d’origine caraïbe, il joue de la basse, parle hip-hop et musique antillaise. Il pousse les deux autres dans leurs derniers retranchements créatifs. En résulte Asunción, un album original, improbable et flottant, totalement exotique. Le disque débute par Sol, une incantation, une prière au soleil. La chanson clame: "La lumière va triompher, nous allons changer le monde et nous serons heureux."

L’auteure explique: "Spirituellement parlant, nous sommes vraiment très connectés tous les trois. Nos vies baignent dans la spiritualité, même si nous ne sommes pas du tout religieux au sens strict. Car c’est une époque horrible pour faire carrière dans la musique, quand on y pense. Le marché du disque s’effondre et, en même temps, les talents se multiplient partout. En plus, nous vivons sur cette planète magnifique et il nous reste juste quelques heures pour commencer à la sauver!"

Radio-Canada Musique a élu Pacifika une des Révélations 2008-2009. "Heureusement, ceux qui aiment notre musique ont compris que les gens de couleur ne sont pas obligés de se trémousser sur scène", commente Sylvana qui revendique autant Shakira et Gotan Project que les berceuses et chansons engagées de Susana Baca et Mercedes Sosa. "Dans les musiques du monde, il y a forcément toute une gamme d’émotions qui va de la tristesse à l’espoir. Aujourd’hui, on assiste à une fusion globale à tous les niveaux. Même les enfants métis sillonnent les rues et personne ne les dévisage. C’est devenu enfin normal."

Après un premier showcase au Dell’Arte l’hiver dernier, Pacifika arrive à Montréal pour son premier concert officiel. Ouvrez les yeux, tendez l’oreille; laissez-vous intriguer. Il n’y aura pas de cover de La Bamba!

À voir si vous aimez /
Shakira, Susana Baca, Novalima