Emilie-Claire Barlow : Plaisir contagieux
Musique

Emilie-Claire Barlow : Plaisir contagieux

Emilie-Claire Barlow monte sur scène et nous présente en primeur Haven’t We Met. Une suite attendue qui paraîtra le 10 mars.

Après le succès de l’album The Very Though of You, acclamé par la critique, Emilie-Claire Barlow nous offre Haven’t We Met et retourne sur scène avec son trio. Avec ce septième disque, l’interprète jazz nous offre une suite logique qui puise dans le songbook américain et assoit un talent déjà confirmé par le public. À la tête de sa carrière, productrice et réalisatrice, elle nous semble confiante et en totale maîtrise de ses moyens.

"C’est important pour moi de conserver ce contrôle sur ma création, affirme-t-elle. Sur le répertoire et les musiciens avec qui je vais jouer. Sur les arrangements et le style que je veux travailler. C’est la seule façon pour moi de me sentir honnête par rapport à mes aspirations. De toute façon, travailler comme ça, ça me rend heureuse. J’ai besoin de choisir et de communiquer ce que je veux. Le romantisme ou la joie! Lorsque ces émotions se transmettent à l’auditeur, j’ai réussi."

La chanteuse torontoise a fait son chemin et cultive maintenant cette confiance tranquille qui s’accorde avec sa discipline. Plongée dans une nouvelle sélection de standards, elle s’édifie à nouveau avec un répertoire qui lui colle à la peau. Il y a bien sûr ces quelques chansons françaises, telles que Jardin d’hiver et C’est merveilleux, qui soulignent son amour pour la langue de Molière, mais aussi You’re Driving Me Crazy et I’m Glad There Is You. Des immortelles qu’elle revisite sans complexe.

"Ils sont si nombreux à avoir interprété ces chansons, constate-t-elle. Par exemple, la première fois que j’ai entendu What a Little Moonlight Can Do, c’était avec Tony Bennett. Et par la suite ce fut Nancy Wilson. Je me suis laissé inspirer par eux. Je crois que c’est tout à fait normal, lorsqu’on débute, de se laisser imprégner par ces interprétations. Choisir un standard, c’est aussi se résigner à copier quelqu’un qui nous précède. Du moins, un artiste qui nous inspire. Ça prend du temps pour trouver sa voix, et l’on constate rapidement que certaines interprétations seront, pour toujours, des références ultimes. Pour ma part, je garde le sentiment de pouvoir y contribuer à ma façon et avec ma personnalité."

Consciente de sa technique, elle communique tout de même une chaleur dans sa voix et une présence qu’elle définit de "flirtatious" par moments. Une spontanéité qui fait corps avec son perfectionnisme. "Je considère la voix comme un instrument, et c’est pour cette raison que j’admire un chanteur tel que Mel Tormé. Il avait une compréhension de l’harmonie qui lui permettait d’être en face de n’importe quel instrumentiste et de pouvoir composer avec celui-ci. Bobby McFerrin est un autre interprète de génie qui a cette faculté d’utiliser sa voix comme personne et d’en faire un véritable instrument. Mais il n’y a pas que la technique. On ne peut pas passer à côté de l’émotion. Si on se compare à un pianiste ou à un saxophoniste, ce qui nous avantage, c’est le texte. On reste en contact avec une intention émotionnelle qui nous est suggérée. Je tente constamment de rester fidèle à cette émotion."

À écouter si vous aimez / Peggy Lee, Holly Cole, Diana Krall