Puerto Plata : Puerto Plata Social Club
Musique

Puerto Plata : Puerto Plata Social Club

Puerto Plata est la ville natale de José Manuel Cobles. Le merenguero porte les couleurs de son patelin en entamant une tournée nord-américaine à… 83 ans.

"La recette de la jeunesse? Je vous l’écrirai volontiers sur papier si vous venez voir le show. Il faut garder son coeur content et mettre ses problèmes de côté. Après ça, vous pouvez danser."

Visiblement pas dégonflé, le soi-disant vieillard que j’ai au bout du fil m’a l’air en pleine santé. José Manuel Cobles, fils authentique de la République dominicaine rebaptisé simplement Puerto Plata, a d’abord dû s’exiler de son bord de mer ensoleillé pour aller travailler comme un robuste charpentier en Amérique centrale au début des années 1940. C’est à son retour dans la ville au téléphérique qu’il a appris les rudiments de la guitare et s’est mis à chanter.

"La musique, c’est ma passion, c’est ce qui me plaît le plus dans la vie. Je suis né dans le mérengué, et mes oncles, qui en jouaient beaucoup, se faisaient un peu d’argent. Ce sont eux qui m’ont finalement montré mes premiers accords, puis mes premières chansons. J’ai alors économisé mes sous pour finalement acheter ma première guitare pour la somme de 20 pesos. Je n’ai jamais lâché depuis."

Jamais lâché les cabarets non plus. Ces lieux miteux, moitié bars, moitié bordels, sont le vrai salon du peuple, le quartier général de la vie sociale du pauvre dans cette république tropicale. De dix heures du soir à quatre ou même parfois six heures du matin, le groupe en résidence joue et danse à perdre haleine. Il interprète d’abord son répertoire propre, mais doit répondre à moult demandes spéciales. Un mérengué 100 % local, une guaracha, un boléro, de la musique cubaine, un classique mexicain d’Augustin Lara par-ci par-là. Beaucoup d’alcool cheap, des descentes de police, des officiers arrogants ou un peu saouls, sous le règne obscur du dictateur Leonidas Trujillo. Le contenu du premier album de Puerto Plata, Mujer de Cabaret, paru l’an dernier, c’est cette chanson populaire quasi rustique jouée en petit comité avec une véracité et une virtuosité incroyables. Guitares acoustiques et maracas, ils seront trois sur la petite scène du Savoy à faire monter la température d’une bonne trentaine de degrés. Avec eux Edilio Paredes, un tireur d’élite.

"Edilio est certainement le meilleur guitariste de la République dominicaine, confirme Puerto Plata. Mais dans le style traditionnel populaire, il est la référence, le plus grand spécialiste."

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Buena Vista Social Club, Afro-Cuban All Stars, Augustin Lara